La première digue productrice d'énergie, grâce à la force des vagues, va voir le jour en Bretagne

En 2024, un démonstrateur de digue portuaire intégrant un dispositif de production d’énergie houlomotrice - qui utilise la force des vagues - sera construit dans un port de Bretagne. Initié en 2020 par le groupe de construction rennais Legendre, avec Geps Techno et l’Ifremer, le projet innovant Dikwe a déjà été validé par des tests en bassin et une première expérimentation petite échelle en rade de Brest. Le processus de recherche et de développement se poursuit mais la phase de pré-commercialisation est lancée.
Tout au long de l'année 2022, un prototype de digue littorale à énergie positive de 4,5 mètres de haut et de large et 6 mètres de profondeur (échelle un quart) a été immergé en rade de Brest à Saint-Anne-de-Portzic. Le projet Dikwe entre dans sa dernière phase de développement : en 2024, la première digue portuaire à énergie positive sera installée dans un port breton.
Tout au long de l'année 2022, un prototype de digue littorale à énergie positive de 4,5 mètres de haut et de large et 6 mètres de profondeur (échelle un quart) a été immergé en rade de Brest à Saint-Anne-de-Portzic. Le projet Dikwe entre dans sa dernière phase de développement : en 2024, la première digue portuaire à énergie positive sera installée dans un port breton. (Crédits : Ifremer)

L'énergie houlomotrice, qui utilise la puissance des vagues pour produire de l'électricité, représente un potentiel important dans le futur mix énergétique mondial. Elle pourrait même à terme couvrir 10% de la demande annuelle mondiale d'électricité selon le Conseil mondial de l'énergie.

Avec ses 2.730 kilomètres de côtes et ses vagues puissantes, la Bretagne est aux premières loges pour s'intéresser au phénomène.

Alors qu'un projet de ferme houlomotrice a été étudié en baie d'Audierne (Finistère) et qu'à Plougrescant en Côtes d'Armor, la société YS Énergies Marines Développement souhaite développer un parc houlomoteur, un premier consortium met le cap sur la construction d'un démonstrateur de taille réelle.

Première unité de 40 à 50 mètres linéaires

En 2024, Ingénova, la filiale R&D du groupe de construction rennais Legendre, en partenariat avec Geps Techno à Guérande et l'Ifremer à Brest, passera à la dernière étape du projet Dikwe : l'installation dans une zone portuaire du Finistère d'un démonstrateur à échelle 1 de sa digue productrice d'énergie.

« Depuis la fin de l'année 2022, le projet Dikwe est entré dans sa troisième et dernière phase de recherche et développement. Nous travaillons avec la Région Bretagne, propriétaire des ports régionaux à l'identification du port d'accueil de cette future unité de 40 à 50 mètres linéaires » indique Quentin Henry, directeur du projet Dikwe au sein du groupe Legendre.

Dans cette optique, le constructeur prévoit de créer une société commune avec Geps Techno dans le courant de l'année.

 « Acteur de la construction, de l'immobilier et de l'énergie, le groupe Legendre avait déjà mené des réalisations sur des zones portuaires comme celles de Nantes et de Saint-Nazaire ainsi que dans les arsenaux de Brest et Lorient pour Naval Group. Ces travaux de génie civil nous ont fait réfléchir aux problématiques des ports au sens large notamment en lien avec les énergies. Le projet Dikwe a été initié en 2020 en vue de créer une digue de protection à double fonction, contre l'érosion liée aux assauts de la mer et capable de capter l'énergie de la houle. »

Rendement énergétique moyen de 40% par vague

Fondé sur un système houlomoteur à volet oscillant, ce dispositif de production d'énergie ressemble à une grosse boîte (jaune pour les essais) dont la structure est construite en béton avec des éléments métalliques et peut-être demain du bois.

Soutenu par l'Ademe et les régions Bretagne et Pays de la Loire, lauréat du Blue Challenge 2020 organisé par le Pôle Mer Bretagne et du prix de l'innovation du Port du Futur, le projet Dikwe représente un investissement global de plusieurs millions d'euros.

Le passage à l'étape de démonstrateur a été conforté par de premiers tests, concluants, réalisés en bassin océanique à échelle 1/15 puis par des essais en mer.

Tout au long de l'année 2022, un prototype de digue littorale à énergie positive de 4,5 mètres de haut et de large et 6 mètres de profondeur (échelle un quart) a été immergé en rade de Brest à Saint-Anne-de-Portzic.

« Installé sur un support fixe, le module était complètement immergé à marée haute. Les capteurs de ce prototype ont permis de mesurer les vagues, le potentiel de production d'énergie, la résistance de la structure (corps flottant, tests acoustiques..) et les éventuels impacts sur l'environnement. Cette expérimentation s'est montrée probante à tous les niveaux et a permis de déterminer que le potentiel de rendement énergétique moyen était de 40%, de la vague à l'électron. C'est un très bon résultat pour un système houlomoteur » avance Quentin Henry.

Pré-commercialisation, marché de la création neuve

En 2024, la troisième phase de développement permettra d'envisager la production moyenne annuelle en fonction des sites. Les partenaires poursuivent leurs recherches sur le mode de construction et les détails techniques.

« Dikwe forme une digue de caissons. Sa structure juxtaposable est adaptable en fonction du site sur lequel elle est déployée (profondeur, marée, vagues...), mais elle doit être immergée. Elle ne correspond donc pas à une digue terrestre de bord de mer » précise Quentin Henry.

« Avec cette technologie, nous visons plus particulièrement le marché de la construction neuve, notamment à l'international et les projets d'extension et de consolidation de ports » ajoute le directeur du projet.

Les dossiers d'infrastructures étant longs à mettre en oeuvre, la phase de pré-commercialisation et de discussions avec des ports ont déjà démarré. A cinq ou sept, ans, le plan d'affaires des créateurs de Dikwe table sur l'installation de 300 mètres linéaires de digues.

Afin de participer au dynamisme des technologies marines renouvelables, le groupe Legendre et Geps Techno souhaitent ouvrir leurs données et connaissances scientifiques à d'autres organismes de recherche.

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Commentaires 4
à écrit le 07/04/2023 à 6:29
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Qu'est devenu l'installation des annees 70/80 denommee maremotrice ? Ca marchait du tonnerre ?

à écrit le 07/04/2023 à 0:55
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Espérons que cela puisse être rentable! Beau projet très prometteur

à écrit le 06/04/2023 à 18:32
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Houloulou, bienvenu à la force houlomotrice. Ça marche aussi sur le lac Leman?🤣

le 07/04/2023 à 9:16
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Vous seriez surpris des vagues qui peuvent se soulever lorsqu'il y a vent

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