Rouen : sur la Seine, d'immenses filets déposés pour collecter les déchets

A Rouen, d’immenses filets installés à la sortie du réseau d’eau pluviale collectent les déchets avant qu’ils ne se déversent dans la Seine. L’objectif est moins d’endiguer le flux que de collecter des données pour remonter à la source de cette pollution qui menace les océans. Explications.
Des techniciens de la société Pollustock installent un filet anti-déchets à la sortie d'un dévidoir d'orage.
Des techniciens de la société Pollustock installent un filet anti-déchets à la sortie d'un dévidoir d'orage. (Crédits : Alan Aubry – Métropole Rouen Normandie)

A chaque épisode de pluie ou de vent, c'est la même histoire. Plusieurs centaines de déchets, jetés négligemment sur la voie publique, aboutissent dans les cours d'eau après avoir transité par les canalisations des égouts. Charriés par les fleuves, ces monceaux de mégots, blisters en plastique, billes de polystyrène et autres masques vont terminer leur vie dans les océans ou dans l'estomac d'un oiseau marin. Faut-il rappeler que 80% des déchets trouvés dans la mer proviennent de la terre.

C'est pour traquer cette pollution insidieuse que la Métropole de Rouen Normandie (MRN) vient d'installer six immenses filets le long de la Seine et de l'un de ses affluents, au débouché des réseaux d'eau pluviale. Objectif : piéger dans leurs mailles une partie des macro et micro déchets  (d'une taille inférieure à 5 mm) qui se déversent dans le fleuve. La solution est éprouvée. On la doit à Pollutech, une entreprise à mission basée à Mandelieu-la-Napoule. En dix ans, elle a posé 250 de ces filets un peu partout sur le territoire français. Mais c'est la première fois qu'ils sont mis en œuvre à cette échelle.

« Certains des exutoires sur lesquels ils sont installés font plus de trois mètres de haut et plus de deux mètres de large avec un débit d'eau très important ce qui complique leur pose et leur dimensionnement » rapporte Stéphane Asikian, son fondateur.

Soigner le mal à la racine

Le dispositif devrait empêcher le déversement dans la Seine de plusieurs tonnes de détritus mais son principal intérêt réside ailleurs. Il s'agit moins de réduire le flux de déchets à ce stade -une mission impossible- que de collecter des données permettant de remonter à la source, explique Marie Atinault, vice- présidente en charge de l'environnement.

« En caractérisant finement ces déchets, nous saurons s'ils résultent de comportements individuels ou s'ils proviennent de sites industriels, du e-commerce ou de la restauration rapide par exemple ».

Pour procéder à l'identification, la MRN a doté son service assainissement d'un laboratoire ad hoc. L'objectif ultime étant de faire pression sur les plus gros « émetteurs » afin de les inciter à modifier leurs pratiques voire, s'agissant des entreprises, à se convertir à l'éco-conception. L'enjeu est important sur cette portion du fleuve, souligne Sébastien Vannier, responsable de l'exploitation des réseaux au sein de la Métropole . « Le phénomène de double marée que connaît Rouen brasse les déchets et les décompose très rapidement, les rendant d'autant plus nuisibles pour l'environnement ».

Les informations recueillies au terme de l'expérimentation serviront aussi à compléter l'étude Plastoc conduite par le Laboratoire de recherche "eaux environnement et systèmes urbains" (Leesu) rattaché au ministère de la transition écologique. L'étude en question vise à « évaluer les flux de macro-déchets déversés en mer à l'échelle du bassin de la Seine »  pour obéir à une directive européenne. Un travail pour lequel le Leesu admet manquer de données fiables. « Les quantités transitant dans les réseaux d'eaux pluviales et rejetées lors des déversements dans les milieux récepteurs (en particulier par temps de pluie) ne sont pas connues » lit-on sur son site. Autant dire que le contenu des filets  rouennais sera scruté à la loupe.

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