Réseaux : quand les anciens des grandes écoles mettent la main à la poche

L'X, les Mines et les Ponts ont ouvert la voie, en 2004, avec XMP-Business Angels, bientôt rejoints par d'autres grandes écoles. Le principe : des anciens se regroupent pour soutenir la création d'entreprises en investissant et en accompagnant de jeunes créateurs. Leur spécificité : ils jouent la carte des réseaux.
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Jacques-Charles Flandin, polytechnicien et fondateur de XMP-Business Angels, aime rappeler que les grandes écoles ont commencé à s?intéresser à l?entrepreneuriat dès la fin des années 1990, souvent au travers de clubs d?anciens élèves, avant de créer des filières dédiées.
Ce fut le cas avec XMP Entreprendre, une plate-forme d?échange entre anciens, axée sur la vente et la reprise d?entreprises. « Petit à petit, ce groupe a eu des demandes de financement pour des créations d?entreprises. En 2004, nous avons créé le spin-off XMP Business Angels », raconte-t-il. Un réseau qui a financé cinq entreprises en 2004, puis sept en 2005 pour atteindre un rythme de croisière d?une trentaine de projets par an et un investissement global annuel qui avoisine les 2 millions d?euros. Pour autant, ces anciens restent en comités fermés. « Parmi nos membres, il y a des anciens de Supélec ou de Centrale et les porteurs de projets ne sont pas tous sortis de grandes écoles. C?est le but », insiste Jacques-Charles Flandin.
Chez Arts et Métiers Business Angels, les Gadzarts accueillent aussi à bras ouverts des diplômés d?autres écoles depuis la création en 2008. « On baigne dans le monde de l?entreprise avec la filière Creda de l?école ou le Cercle de la Rochefoucauld qui réunit des anciens, cadres de haut niveau », constate Patrick Cantelli, le président de l?association. Pourtant, il lui a fallu déployer tout son pouvoir de persuasion pour convaincre l?association des anciens élèves de se lancer dans l?aventure du financement.

L?importance reconnue de l?accompagnement

Aujourd?hui, les 120 business angels d?Arts et Métiers jouent à fond sur leur spécificité : la décentralisation de l?école en régions. « Nous sommes une des rares écoles à avoir cette capacité organisationnelle. Ça marche bien en PACA, Rhône-Alpes et Nord-Picardie. On espère entraîner Nantes et Angers, Bordeaux et Toulouse », précise-t-il.
Autre école, autre histoire. L?Escem est le regroupement de Sup de Co Tours et Poitiers, appelé à se ranger sous la bannière de France Business School. Le but affiché d?Escem Pro Invest, une entité lancée en 2009 au sein de l?association d?anciens élèves, est de créer du lien entre les générations. Deux co-animateurs et 15 diplômés issus des entreprises et de la finance forment le comité chargé d?un premier tri des dossiers, selon des critères relativement précis. Les étapes suivantes comprennent une audition de trente minutes devant le comité, puis une présentation en séance plénière pour les porteurs de projet sélectionnés. Même modèle pour Arts et Métiers Business Angels qui note les dossiers sur dix critères avant de les rejeter ou de les examiner plus finement et enfin de lancer l?entrepreneur dans le grand bain de la séance plénière. Dans l?assistance, plusieurs dizaines d?investisseurs potentiels et dans le meilleur des cas, un petit groupe qui se laisse séduire par le projet. « Typiquement, entre trois et huit personnes sont intéressées pour un tour de table de 80.000 à 150.000 euros. Elles se regroupent et nomment un leader chargé de l?instruction du dossier. On passe ensuite à la lettre d?intention et à l?investissement », détaille Patrick Cantelli.
À Arts et Métiers Business Angels, un fonds mutualisé abonde chaque deal de quelques dizaines de milliers d?euros supplémentaires. C?est la première étape, qui donne lieu à un accompagnement qui est jugé presque aussi important que le financement par tous les intéressés.refuser le « ghetto technico-scientifique »Au début, ces clubs d?investisseurs d?un genre nouveau ont dû se faire connaître, faire jouer leurs réseaux et aller draguer dans les pépinières et les incubateurs. En refusant cependant d?être confinés à un « ghetto technico-scientifique ».C?est ainsi que les investissements des anciens de XMP vont de Lilibri-cole ? des cours de bricolage et de déco pour les femmes à Paris et à Lyon ?, à Léosphère, qui conçoit des radars atmosphériques. Chez Escem Invest Pro, Pascal Bouëte cite Bed&School, un réseau d?agences immobilières spécialisé dans une offre pour les étudiants ou la vodka équitable Fair, fabriquée à Cognac et certifiée Max Havelaar.Ces investisseurs issus des grandes écoles savent en tout cas qu?ils n?ont pas intérêt à faire cavalier seul et la plupart sont adhérents de l?association France Angels qui regroupe plus de 80 clubs en France. C?est l?accès assuré à une expertise, à des réseaux et à Gust, un outil international de gestion pour les investisseurs. Car si on peut être un ange en affaires, il n?en faut pas moins rester pro.

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