L'engagement contesté du FMI en europe

Le Vieux Continent est devenu le principal terrain d'intervention du FMI. Cela lui donne le droit de parler de l'avenir de la zone euro, mais l'expose aussi à de cinglantes critiques.
Manifestation contre l'austerité à Athènes, en Grèce. / Reuters

Lorsqu?en mars 2010, la Grèce est, pour la première fois, au bord de la faillite, la question de l?intervention du Fonds monétaire international (FMI) se pose avec acuité. Pendant plusieurs semaines, toute intervention du Fonds est fortement rejetée par la Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE). Pour ces institutions, la zone euro doit prouver, comme le souligne le 6 avril 2010 Jean-Claude Trichet, alors président de la BCE, qu?elle est « plus qu?une union monétaire, c?est une communauté de destin ». Pour cela, un recours au FMI serait, selon l?ancien gouverneur de la Banque de France, une « très, très mauvaise chose ».À l?inverse, en Allemagne, Angela Merkel est tentée de le demander en s?abritant derrière la clause du « no-bail-out », l?interdiction par les traités du renflouement d?un État membre de la zone euro. Mais, en mai, les dirigeants européens doivent convenir d?une intervention commune de l?UE et du FMI. Ce sera désormais la règle. Ainsi, à l?automne 2010, lorsque le Fonds européen de stabilité financière (FESF) sauve l?Irlande et le Portugal, ce sera encore avec l?appui du FMI, qui interviendra également dans le second plan d?aide à la Grèce et qui devrait être acteur des sauvetages espagnol et chypriote.

La politique Européenne du FMI irrite l?Allemagne

Aujourd?hui, les trois pays de la zone euro sous perfusion, Irlande, Grèce et Portugal représentent 41% du total des décaissements et engagements de précaution du Fonds. Une situation qui a modifié la position du FMI qui se veut désormais un acteur de la politique économique de la zone euro. Les déclarations de Christine Lagarde en dessinent depuis plusieurs mois les contours : une plus forte intégration de la zone euro comme solution durable à la crise, une garantie paneuropéenne des dépôts afin de permettre la faillite de banques trop exposées, et enfin une nouvelle restructuration de la dette grecque, impliquant la BCE.
Ces projets irritent beaucoup en Europe, singulièrement outre-Rhin où l?on voit d?un fort mauvais ?il le FMI vouloir initier une « union des transferts ». Du coup, l?Allemagne se montre de plus en plus critique à son encontre. Dans son bulletin mensuel paru fin septembre, la Bundesbank reprenait les critiques de plusieurs pays émergents qui avaient notamment été présentées en avril dernier, lorsque les Brics avaient refusé de participer à l?augmentation de 430 milliards d?euros de la force de frappe du Fonds.
La Buba critique ainsi les « risques croissants » pris par le Fonds en Europe et met en doute l?efficacité de ses actions qui financent des États incapables de se réformer. La banque centrale allemande s?inquiète finalement de la transformation du FMI en « institut de crédit », ce qui, selon elle, « n?est pas conforme aux cadres juridique et institutionnel du Fonds ainsi qu?à sa capacité de couverture des risques ».Ce qui est en cause, c?est l?indépendance du FMI. Car si, en théorie, le Fonds peut se retirer de façon autonome d?un programme d?aide, il les a toujours suivis, même lorsque la capacité de remboursement de la Grèce, par exemple, était douteuse. C?est là un véritable tournant dans la politique du FMI qui, jadis, aurait claqué la porte. Et c?est ce qui inquiète plusieurs de ses membres.

Commentaire 1
à écrit le 28/10/2012 à 14:10
Signaler
Obligé de ceder à Merkel, aprés avoir imposé l'austérité, le FMI révise ses calculs: l'austérité nuit beaucoup plus que prévu à la croissance.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.