Effet de seuil

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, la face cachée des déboires du B787, la "performance" fiscale de la France et le portrait d'Obama 2.
Le président américain Barak Obama arrive à la Maison Blanche accompagné de son épouse Michelle Obama et de sa belle-mère Marian Robinson, lundi pour la cérémonie de prestation de serment, prélude à son deuxième mandat. Copyright Reuters

Les ennuis de Boeing avec ses 787 cloués au sol à travers le monde pourraient devenir un cas d'école. Pour les constructeurs aéronautiques, évidemment, mais aussi pour des épistémologues. Derrière ce mot savant, il n'y a rien de plus que des chercheurs qui s'interrogent sur les problèmes posés par la science et la technologie. La place prépondérante prise depuis trois décennies par la technologie dans notre vie quotidienne, justifiée par la sécurité ou la commodité peut trouver dans certains cas ses limites. Un effet de seuil dans la complexe gestion d'une électronique sophistiquée pourrait finalement avoir eu l'effet contraire de celui recherché et créé ainsi des effets indésirables redoutablement difficiles à détecter. Ce serait, en bref, une revanche de la machine sur l'homme. Un thème qu'a d'ailleurs largement visité un auteur comme Isaac Asimov, dans I, Robot ou encore le cinéma comme en témoigne la trilogie culte « Matrix ». On devrait lire davantage de science-fiction!

Un autre effet de seuil en voie d'être franchi est celui du niveau des impôts en France. Les mesures de majoration prises par le gouvernement de François Hollande vont assurément contribuer à nous consacrer champion du monde toutes catégories. Evidemment, il y a une relation de cause à effet sur l'investissement, qui peut être ainsi découragé, même si d'autres critères peuvent entrer en compte pour attirer les entrepreneurs à développer une activité en France.

Des risques de l'impôt-punition

Mais c'est surtout l'alourdissement de la taxation des revenus du capital (+ 40% en trois ans !) qui est l'exemple le plus frappant. Un peu d'épistémologie économique devrait rendre les politiques plus attentifs au fait que de telles mesures pourraient avoir l'effet contraire, en dissuadant nombre d'investisseurs de faire des affaires en France. Surtout, la signification de l'impôt, qui doit rester une participation en fonction de ses moyens au fonctionnement de la collectivité, risque d'apparaître davantage comme une punition, alimentant une ranc?ur tenace contre un Etat plus préoccupé de lever l'impôt que de réduire son train de vie.


Obama 2. Le président américain a prêté serment pour son deuxième mandat. Il y a quatre ans, il avait dû remiser son projet innovant de « green jobs » censé relancer l'économie américaine pour accentuer son leadership mondial. A la place, il avait dû s'occuper de la « pire crise économique depuis celle de 1929 », alimentée par l'éclatement de la bulle financière liée aux « subprimes ». Cinq ans plus tard, la croissance reste poussive, la crise s'est installée en Europe, et les émergents continuent à émerger mais connaissent à leur tour - c'est normal - des crises, gérables, de croissance. Obama a beaucoup appris en quatre ans, notamment quand il a dû batailler ferme pour imposer sa réforme de la santé.

Son opposition républicaine est en lambeaux depuis la défaite de Mitt Romney, même si le radicalisme du Tea Party, farouchement anti-Obama, reste toujours actif. Il n'empêche. La majorité des Américains suivent leur président, qui est au plus haut dans les sondages depuis deux ans. Toutefois, ces derniers attendent toujours de lui qu'il relance la machine à jobs, toujours grinçante.

Pour cela, le président doit absolument travailler avec les républicains, comme l'avait fait Bill Clinton, s'il veut pouvoir trouver une majorité dans les deux chambres pour à la fois réduire le déficit fédéral et réformer. Le recours à la relance par la planche à billets a en effet atteint ses limites, et le niveau de la dette se rapproche du seuil au-delà duquel les effets seraient à terme désastreux pour l'Oncle Sam. Reste la question : Obama est-il prêt à devenir impopulaire ?

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