Battons en retraite

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, le gouvernement recule face aux taxis sur le transport des malades, les sénateurs adoptent une amnistie sur les actes répréhensibles commis dans le cadre de conflits sociaux, et le Pape tire sa révérence.
Le pape Benoit XVI. Copyright Reuters

Les taxis ont obtenu gain de cause. Le gouvernement qui souhaitait élargir la possibilité du transport des malades à des professions autres que les taxis a laconiquement rétropédalé sous la forme d'un bref communiqué. Sans cette exclusivité, il est vrai, nombre d'artisans, en particulier en province, risqueraient de mettrela clé sous la porte.

L'intérêt général attendra

La mesure visait à réduire les dépenses de santé en faisant des appels d'offres pour obtenir de meilleurs prix. Les taxis craignaient de perdre de tels appels face à une concurrence des sociétés de transports plus compétitives. L'intérêt général attendra, les taxis garderont leurs malades, et montrent une nouvelle fois qu'ils sont un lobby puissant qui savent faire plier les pouvoirs en place.²

Une dérogation au principe de l'égalité devant la loi

Le mouvement syndical sait lui-aussi préserver ses intérêts. A l'initiative des sénateurs communistes, une proposition de loi sur l'amnistie de faits commis lors des mouvements et autres actions syndicales a été adoptée, même s'il a fallu réduire la portée du texte, notamment en excluant les faucheurs d'OGM.

Si on peut évidemment trouver louable de veiller à ce que des citoyens ne soient pas discriminés ou lésés en raison de leurs engagements syndicaux, on restera cependant plus circonspects sur la nécessité de l'inscrire dans un texte législatif. D'abord, cela comporte une dérogation au principe de l'égalité devant la loi. Nombre de citoyens y verront un traitement de faveur injustifié, en particulier s'il s'agit d'actes de violence, qui se trouvent ici de facto légitimés.

Par ailleurs, il fait fi de l'appréciation du juge, qui serait donc systématiquement soupçonné d'être du côté des patrons. Il faudrait donc compenser un effet de "justice de classe". Ne serait-ce pas là un recul de l'Etat de droit?

Le pêché mignon de la théologie

Ce jeudi, Benoît XVI abandonne sa fonction de Pape. Invoquant son grand âge et son manque de force pour assumer cette lourde charge, il va donc se consacrer à son pêché mignon, si l'on ose dire pour cet intellectuel de haut vol : la théologie et la philosophie dan un monastère romain.

Le philosophe Rémi Brague, indiquait chez nos confrères de Libération, que « au fond, le pape n'a aucun pouvoir. Il ne se prend même pas pour le chef de l'Eglise, le seul chef en est le Christ. Un métier de chien, donc : un travail et une responsabilité écrasants, pas de retraite, pas de promotion. » On saluera donc cette retraite pour ce qu'elle est, non pas un recul mais une avancée lucide dans le magistère romain.

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Commentaire 1
à écrit le 28/02/2013 à 21:00
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un immense bravo pour vos articles toujours passionnants !

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