« La Tribune ». - En quoi le CD-ROM est-il un outil de formation novateur ? Christian Baraton. - Le CD-ROM est en train de diffuser dans le monde de la formation, et les spécialistes parient sur une croissance exponentielle du marché du CD-ROM de formation. Sans affirmer que le CD-ROM fera partie de toutes les formations, il semble évident que les avantages qu'il procure le feront adopter par nombre de centres de formation et d'entreprises. On parle beaucoup de l'interactivité du CD-ROM, mais je ne suis pas sûr que ce soit le point le plus important. En ce qui nous concerne, nous réalisons des formations depuis près d'une trentaine d'années, et l'interactivité n'est pas réellement une nouveauté dans ce domaine. Il y a longtemps que nous avons mis en place des machines à enseigner à base de diapositives ou de bandes, comme les machines Revox que l'utilisateur met en oeuvre pour l'apprentissage . L'apport du CD-ROM tient surtout au fait que l'on n'est plus limité à quelques dizaines d'images, avec un cheminement linéaire. Le stagiaire se construit un véritable scénario. La capacité de stockage du CD-ROM et les possibilités de liaisons entre les différentes informations offrent une plus grande autonomie à l'élève, et cela c'est réellement nouveau. Est-ce que le CD-ROM convient à tous les types de formation ? Nous travaillons avec la grande distribution, Hypermédia, Auchan, Galerie Lafayette, etc. et ses fournisseurs, sur trois catégories de formation : formation produit, communication pour l'accueil, et formation d'encadrement avec l'animation d'équipe. Pour les formations présentant des produits d'électroménager ou une nouvelle génération de camescope, le CD-ROM est idéal car d'une infinie patience ; il est exhaustif et répond à toutes les questions lorsqu'il a été bien conçu. Il permet à chacun de travailler à son rythme, en se consacrant aux aspects qu'il connaît le moins bien. En revanche, pour les forma- tions ou l'on travaille sur les attitudes ou les comportements, le CD-ROM n'est que de peu d'uti- lité. Dans ce type de formation, il faut un intervenant humain qui joue le rôle de miroir et qui réa- git en fonction de chaque stagiaire. Les instituts de formation préservent donc leur pré carré... Oui, mais là n'est pas vraiment la question. Il est possible d'imaginer que, d'ici à deux, trois ou cinq ans, on dispose de CD-ROM avec systèmes experts et des modules d'intelligence artificielle qui soient capables de tenir compte des réactions du stagiaire. Ce n'est pas pour autant que l'on n'aura plus besoin de formateur. Je pense très sincèrement qu'il n'y a pas de concurrence entre formateur et CD-ROM. Dans le cas d'une formation métier ou de l'apprentissage d'une langue, domaine dans lequel le CD-ROM est abondamment mis à contribution, on s'aperçoit que l'auto-formation ne peut pas être totale, il faut un minimum d'encadrement, d'accompagnement. Nous parlons d'auto- formation assistée. A ce niveau, le rôle du formateur est moins d'apporter des connaissan- ces techniques ou factuelles que de contrôler des acquis et de vei-ller à la bonne progressivité de l'apprentissage. Le métier de la formation est en train d'évoluer, de passer de la transmission d'un contenu à celle d'un savoir-faire. Quel est le coût de réalisation d'un CD-ROM de formation professionnelle aujourd'hui ? La fourchette est très large : elle varie en fonction de la technicité du contenu, de la richesse iconographique et de la sophistica- tion des animations. Aujourd'hui, la réalisation d'un titre de formation professionnelle se situe entre 80.000 francs et 250.000 francs. De façon générale, ce que nous avons constaté jusqu'à présent est que le prix d'entrée pour un CD-ROM est supérieur à celui d'un film vidéo. Mais, à l'inverse, le plafond est moins haut que pour un film vidéo. Ce coût doit être mis en regard de celui d'une journée de formation, qui varie de 5.000 francs à 9.000 francs en intra-entreprise, à 1.000 francs ou 2.000 francs en inter-entreprise. Propos recueillis par Frédéric Lorenzini

latribune.fr

26 Sept 2008, 0:37

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