« Il ne faut pas devenir paranoïaque. Face à une fuite d'information, il faut d'abord se demander ce que peut en faire la concurrence. En possession d'une même information, tous les chefs d'entreprise ne prendront pas la même décision. » Alain Chagneau, à la tête d'Univers, une SSII qui réalise 47 millions de francs de chiffre d'affaires et emploie une centaine de personnes, et vice-président de Syntec Informatique, tempère le débat. Pour lui, le gain tiré en donnant de l'information à ses salariés est plus important que le risque encouru. Une façon de les responsabiliser, dans un secteur, l'informatique, qui connaît un turn-over soutenu et des transferts de compétences. Mais les activités de services sont moins exposées que l'industrie à ce niveau : « Face à un technicien ou un chercheur qui quitte son entreprise pour l'entreprise concurrente et met à profit toutes les connaissances acquises, restent des obligations de confidentialité mais aussi les "menottes dorées", soit une indemnité généreuse », commente un consultant. Dans ce domaine, les chefs d'entreprise ont intérêt à ne pas se comporter comme des mercenaires : « Embaucher quelqu'un qui leur apporte de l'information, risque un jour de se retourner contre eux », poursuit Alain Chagneau. Au sein du Syntec, un code de déontologie existe et les différends sont généralement résolus à l'amiable : ce n'est pas l'intérêt d'un chef d'entreprise de se mettre à dos l'ensemble de la profession. Même chose auprès d'un client ou d'un prestataire. Avant de donner de l'information, il faut rencontrer ses interlocuteurs, mais aussi voir comment ils réagissent lorsqu'on les interroge sur la concurrence. Informer l'environnement de l'entreprise est également important. Car cela permet d'organiser la circulation de l'information à plusieurs niveaux. Mais, comme l'admet Alain Chagneau, les entreprises sous-estiment encore l'importance du traitement des informations qu'elles glanent, le principe du rapport d'étonnement est difficile à mettre en place et se heurte à des pesanteurs culturelles. E. L.

latribune.fr

26 Sept 2008, 0:36

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