La France et l'Allemagne peinent à maintenir le dialogue

Tout va bien entre la France et l'Allemagne si l'on en croit les déclarations officielles à Paris. Le report de la rencontre Sarkozy-Merkel ? Problème de calendrier. Le report sine die, le lendemain, de la rencontre de Christine Lagarde avec son homologue allemand Peer Steinbrück ? Également problème de calendrier. Curieuses coïncidences alors que l'on sait que des différends franco-allemands s'accumulent sur la table, notamment sur le nucléaire, l'Union pour la Méditerranée ou la gouvernance de la zone euro.Côté allemand, l'explication officielle du report de la rencontre Sarkozy-Merkel à début juin semble tout aussi bien rodée. Les deux dirigeants devaient se retrouver lundi prochain à Straubing, en Bavière, pour leur sommet informel bimestriel. Or Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se verront bel et bien ce lundi 3 mars à Hanovre, pour inaugurer ensemble un salon de l'électronique, dont la France est, cette année, l'invitée d'honneur. Bref, dit-on aussi bien à Paris qu'à Berlin, les deux dirigeants se verront pendant une heure environ en tête à tête et, dans ces conditions, il était inutile de maintenir le format Blaesheim. Mais les Allemands se sont étranglés quand ils ont appris, hier matin seulement, que la ministre des Finances Christine Lagarde reportait elle aussi sa rencontre prévue aujourd'hui à Paris avec son homologue Peer Steinbrück " pour des raisons d'agenda, à une date ultérieure ", selon le communiqué de Bercy. " Christine Lagarde nous a prévenus qu'elle avait un empêchement de calendrier ", nous a sobrement indiqué Ulrike Abratis, un porte-parole de Peer Steinbrück. À Paris, on glisse en haut lieu que Nicolas Sarkozy reproche beaucoup à sa ministre des Finances de négliger l'emploi alors qu'elle est aussi ministre de l'Emploi. Il lui aurait demandé fermement de l'accompagner ce mardi dans l'Allier à Saint-Bonnet-de-Rochefort pour un déplacement sur le thème des créations d'emplois en secteur rural.AGACEMENTEn tout cas, des contentieux franco-allemands se sont multipliés à une vitesse éclair depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à l'Élysée. D'abord, les Allemands apprécient peu que le chef de l'État français ne cesse de tirer la couverture à lui quand les succès sont partagés, comme le bouclage du nouveau traité européen de Lisbonne ou la libération des infirmières bulgares en Libye. Ensuite, ils s'agacent quand le président français s'active, en solo, en VRP du nucléaire. Enfin, ils sont carrément rouges de colère quand Nicolas Sarkozy se lance dans des politiques jugées contraires à leur conception de l'Union. Ainsi, le projet " Union pour la Méditerranée " que le chef de l'État français entend pousser sous sa présidence du Conseil européen les choque. Comme l'idée de réunir les chefs d'État et de gouvernement de la zone euro au cours de la présidence française de l'Union, qui serait pour les Allemands un moyen de faire pression sur la Banque centrale européenne, une sorte de crime de lèse-majesté.En ce qui concerne l'Union pour la Méditerranée, Angela Merkel souhaite la mise en place d'une coopération avec les pays de " Notre Mer " dans le cadre des politiques de l'Union européenne, et pas en dehors. Visiblement, le déplacement à Berlin d'Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, n'a pas convaincu les Allemands. Cependant, on indique à Berlin que les deux pays " seront toujours en situation de surmonter des points de vue différents " car, sans entente franco-allemande, aucun projet européen ne peut avancer. Bref, les Allemands gardent l'espoir de trouver une solution acceptable pour les deux pays " dans les prochaines semaines ".
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