La CDC, pièce maîtresse pour la défense des entreprises françaises

Le libéralisme c'est bien. À condition que les entreprises françaises ne passent pas sous pavillon étranger ou ne subissent les coups de boutoir des fonds activistes et les prises de participation des fonds souverains. Nicolas Sarkozy s'est délibérément placé hier sur le terrain du patriotisme économique. La France doit donc assumer " le choix politique, stratégique, de protéger ses entreprises, de leur donner les moyens de se défendre et de se développer ", a martelé le président de la République. Pour arrêter dans leur élan les investisseurs indésirables, Nicolas Sarkozy a clairement désigné la Caisse des dépôts : " Nous allons en faire un instrument de cette politique de défense et de promotion des intérêts primordiaux de la nation. "À la Caisse désormais de constituer un rempart contre les assauts " d'un capitalisme financier livré à lui-même ". Sur ce chapitre-là Nicolas Sarkozy ne s'embarrasse pas de nuances. " Face à la montée des fonds spéculatifs extrêmement agressifs et des fonds souverains qui n'obéissent à aucune logique économique [...], il n'est pas question de se laisser faire ", a-t-il insisté. Sauf que mettre dans le même panier les hedge funds activistes au sein des entreprises dont ils sont actionnaires et les fonds émanant d'États comme la Chine, la Norvège, le Koweït, ou Dubaï, c'est aller vite en besogne. Et c'est méconnaître leurs stratégies d'investissement fondées sur des analyses rigoureuses. Une chose est sûre, les fonds souverains pèsent lourd, très lourd. Ces derniers mois, ils ont massivement investi dans les grandes banques frappées par la crise. La force de frappe des six plus importants d'entre eux représentent 1.700 milliards de dollars.UNE FEUILLE DE ROUTE CLAIREC'est beaucoup comparé aux 3 milliards d'euros que la Caisse des dépôts investit environ chaque année en actions. Il reste de l'intervention du président, que la Caisse a désormais une feuille de route claire. C'est pour elle une bonne nouvelle, après plusieurs mois d'un épais brouillard médiatique. Il y a un peu plus d'un mois, son directeur général, Augustin de Romanet, présentait en grandes pompes un plan stratégique baptisé Élan 2020, peu ambitieux. Ses grands axes n'avaient pas de quoi faire taire les rumeurs d'un affaiblissement durable de l'honorable institution. En clôture de sa présentation à Deauville, la ministre des Finances, Christine Lagarde, n'avait-elle pas indiqué que les prises de participation de la Caisse susceptibles de lui donner " une influence notable dans l'administration [...] n'avaient pas vocation à être la norme " ?Les déclarations de Nicolas Sarkozy remettent subitement au goût du jour le rôle d'investisseur institutionnel de la Caisse des dépôts qui détient aujourd'hui près de 35 milliards d'euros de titres d'entreprises du CAC 40. En affichant sa volonté de renforcer le poids de la Caisse dans le capital des grandes entreprises, le président de la République balaie d'un revers de la main l'affaire EADS qui avait éclaté à l'automne. La question de l'opportunité d'investir 2,25 % dans le capital de l'entreprise d'aéronautique en difficulté ne se pose plus. Plus étrange encore, la nouvelle feuille de route de la Caisse ressemble à celle dont l'avait dotée son directeur général, Robert Lion, à la grande époque de l'économie administrée dans les années 1980. " Qu'on arrête d'opposer cette volonté industrielle qui est la nôtre avec le libéralisme [...]. On peut être parfaitement libéral et dire "nos entreprises, on va les défendre"", rétorque sans états d'âme Nicolas Sarkozy.
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