Barroso veut mobiliser sur la compétitivité

Au nom du réalisme, José Manuel Barroso a prononcé, hier, une forme d'oraison funèbre du projet de traité constitutionnel européen. "Dans un avenir proche, il n'y aura pas de Constitution. Nous le regrettons [...] mais il ne faut pas que tous les efforts soient concentrés sur les problèmes institutionnels [et que cela] conduise à la paralysie", a fait valoir, jeudi à Bruxelles, le président de la Commission. Il a d'ailleurs appelé les institutions et les vingt-cinq gouvernements à mobiliser toute leur l'énergie pour "faire du concret". "C'est ce qu'attendent de nous, a-t-il ajouté, tous les citoyens européens."José Manuel Barroso s'est défendu vigoureusement du soupçon de "blairisme" qui pèse sur lui. C'est-à-dire d'une renonciation à l'ambition fondatrice de l'intégration politique de l'Europe pour ne retenir et ne privilégier que la poursuite de la compétitivité maximale de l'économie européenne sur le marché globalisé. "Je veux l'Europe politique. J'affirme que nous avons besoin de plus d'Europe. Mais je considère négatif, a-t-il martelé, d'opposer l'intégration politique à l'intégration économique [comme] d'opposer deux "monothéismes" : l'État et le marché."José Manuel Barroso s'est aussi appliqué à situer hors de tout choix doctrinal son approche et celle de la Commission des défis posés à l'Europe par la "globalisation" et des réponses à leur apporter. "La globalisation est bien là et elle se fera, avec ou sans l'Europe", a-t-il souligné. Ainsi, pour lui, la question est de savoir si l'Europe " veut être une victime ou un acteur" de ces bouleversements. L'Europe ne doit pas avoir "une position de résistance", mais "chercher à les maîtriser avec ses valeurs". Modèle social européen. Tout en récusant l'existence d'un "modèle social" uniforme dans l'UE, Barroso n'en a pas moins fait valoir qu'il existe des valeurs sociales communes qu'il ne s'agit pas de sacrifier sur l'autel de la compétitivité. Les Européens, a-t-il poursuivi, doivent néanmoins rechercher un "équilibre entre compétitivité et justice sociale". Et comme pour bien marquer qu'il ne s'agit pas de laisser faire les seules forces du marché, il a annoncé l'adoption prochaine par la Commission d'un projet de stratégie industrielle.Marc Paoloni, à Bruxelle
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