La possible aggravation de la crise du crédit pèsera sur le scrutin

Tel un spectre, la perspective d'un " credit crunch ", c'est-à-dire un resserrement sévère et brutal des conditions de crédit, va hanter la campagne électorale américaine. Comme l'explique Peter E. Kretzmer, économiste senior chez Bank of America, le scénario d'une impossibilité pour les entreprises et les ménages américains d'accéder au crédit est ce qui pourrait remettre en cause le scénario optimiste d'une légère récession de l'économie américaine au premier semestre avec un redémarrage plus vigoureux dans la seconde moitié de l'année." La crise des subprimes provoque une hausse tangible du coût du capital, ce qui peut être à l'origine d'une récession ", relève l'économiste dans une note récente. Mais pour ce dernier, les risques sont encore minimes, même si la vigilance s'impose. En termes de facteur négatif, il cite le fait que l'endettement constitue l'un des handicaps majeurs de l'économie américaine. Entre 2000 et 2007, la dette totale aux États-Unis est ainsi passée de 192 % du produit intérieur brut (PIB) à 233 %, un bond qui ne peut que présager d'immenses dégâts si, d'aventure, entreprises et ménages se retrouvaient incapables de s'endetter ou tout simplement de refinancer leurs emprunts en cours. Mais, relève Kretzmer, ce risque est atténué par le fait que l'augmentation de la dette concerne plus le secteur hypothécaire que le reste de l'économie ou les ménages.DES TAUX INTERBANCAIRES ANORMALEMENT ELEVES" Le secteur non financier va-t-il être touché par le resserrement du crédit ? Pour le moment, la réponse est négative ", avance l'économiste, qui relève que les banques n'ont pas fondamentalement modifié leurs conditions de financement même si elles font désormais preuve de plus de sévérité tandis que les taux interbancaires restent anormalement élevés. De plus, il ne semble pas que les établissements bancaires ont procédé à des remises en cause de lignes de crédit déjà existantes. Dans le même temps, le coût d'un emprunt obligataire reste stable pour les entreprises qui n'appartiennent pas au secteur financier. Enfin, les ménages peuvent continuer à s'endetter même si cela se fait à des coûts plus élevés.Pour autant, d'autres experts sont moins optimistes. Selon le consensus Bloomberg, les économistes de Wall Street restent divisés par rapport à la perspective d'un credit crunch, les plus pessimistes craignant toujours la "seconde vague " de la crise du crédit. Une crainte qui alimente les rumeurs, notamment celle d'un défaut majeur d'une entreprise américaine qui mettrait en difficulté le secteur bancaire.Du coup, comme c'est systématiquement le cas quand des nuages sombres se profilent à l'horizon, tous les regards se tournent vers la Réserve fédérale. La baisse importante de l'indice synthétique de l'enquête ISM pour le secteur manufacturier (47,7 en décembre après 50,8 en novembre) a donné mardi des arguments à ceux qui demandent à la Fed de baisser ses taux pour prévenir la récession. Reste à savoir si cela suffira à prévenir le credit crunch.
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