E.ON table sur des centrales au charbon propres en 2020

E.ON met le paquet pour pouvoir équiper ses centrales au charbon dans le monde entier avec la nouvelle technologie, dite CCS, pour la capture et l'enfouissement du carbone (CO2). Ce n'est pas par hasard que Wulf Bernotat, le président du groupe d'énergie de Düsseldorf, avait convié la presse sur le site de Maasvlakte (Pays-Bas) à l'embouchure du port de Rotterdam, pour montrer comment fonctionne depuis avril une installation pilote en la matière.Tout en continuant de croire à l'avenir du charbon, le groupe s'est fixé l'objectif de réduire de moitié ses émissions de CO2 d'ici à 2030, en comparaison à 1990. Pour y parvenir, il va investir 60 milliards d'euros d'ici à 2010 pour s'équiper en centrales moins polluantes et monter en puissance dans les énergies renouvelables. Un pari dans le charbon qui ne pourra s'avérer payant que si le prix des certificats de droit à polluer se situe dans un niveau au moins égal au coût de la tonne de CO2 produite, soit une trentaine d'euros à l'heure actuelle.Pour l'heure, E.ON mène des travaux expérimentaux en matière de captation du carbone. Trois partenariats viennent d'être signés avec des grands noms industriels, l'américain Fluor et le canadien Cansolv, avec lesquels il s'associe sur deux sites allemands. S'ajoute le japonais Mitsubishi, avec qui il recherche un site. Ces partenariats s'ajoutent à ceux déjà signés avec Alstom en Suède comme avec Siemens et Hitachi, probablement pour des projets qui concerneront l'Allemagne. La France, où E.ON vient de récupérer quatre centrales au charbon auprès de l'espagnol Endesa, va tôt ou tard être concernée par le projet.À compter de 2014, E.ON va tester des installations développant jusqu'à 300 MW. Le groupe prospecte un site en Grande-Bretagne, où il est en compétition avec BP, Scottish Power et Peel Power, et Wilhelmshaven en Allemagne. Dans le même temps, la filiale E.ON Ruhrgas planche sur des projets d'enfouissement. C'est seulement à compter de 2020 qu'est visé le développement commercial de centrales au charbon éliminant 90 % du CO2 dégagé. Une élimination à 100 % susciterait des coûts marginaux démesurés, explique-t-on chez E.ON.Reste à faire accepter ces projets en Allemagne où E.ON éprouve actuellement, comme ses concurrents, les pires difficultés à construire de nouvelles centrales au charbon, même plus propres. La politique est appelée en renfort, pas seulement pour subventionner les coûts industriels liés au CCS, mais vaincre aussi les résistances locales.Le défi de la mesure des rejetsDans quelques années, le marché international du carbone représentera plusieurs dizaines de trillions de dollars, affirment les experts. La valeur des quotas d'émissions qui seront échangés sera, bien sûr, fonction du jeu de l'offre et de la demande. Mais la confiance dans le système sera fondée en partie sur la fiabilité des mesures des rejets de CO2 des entreprises et de leur respect des quotas auxquels elles sont soumises. Or ces mesures, qui sont en Europe fournies par les entreprises elles-mêmes, ne sont encore que des approximations. Elles sont élaborées grâce à des calculs de laboratoire tirés de phénomènes chimiques facilement quantifiables tels que les émissions produites lors de la combustion du gaz naturel. Il n'y a pas de mesure des émissions de gaz à effet de serre (GES) à la sortie des cheminées d'usine. " S'il s'agit de mesurer le CO2, ces approximations peuvent être assez précises ", explique un spécialiste, mais ce n'est pas le cas pour d'autres GES. Pragmatique, l'Europe a défini des niveaux d'incertitude acceptables. Le rôle des vérificateurs, prévu par la procédure européenne, consiste donc à s'assurer du respect de ces seuils, qu'il s'agisse des vérificateurs indépendants ou de ceux des États. Le niveau de fiabilité des mesures " est acceptable mais perfectible ", admet-on au ministère de l'Écologie à Paris. Des aléas demeurent. Dans certains pays comme la France, les vérificateurs privés doivent être accrédités. Mais ce n'est pas le cas partout en Europe.
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