L'élysée fait un geste

Nicolas Sarkozy a eu beau annoncer fin février une nouvelle politique agricole, les anciennes habitudes ont visiblement la vie dure. Pour compenser la réaffectation en 2010 de 1,4 milliard d'euros de subventions communautaires des céréaliers au profit des éleveurs, l'Élysée n'a promis rien d'autre que? de nouvelles subventions aux céréaliers. C'est François Fillon qui devrait officiellement en annoncer le détail aujourd'hui à midi lors de son intervention devant le congrès de la FNSEA, au Futuroscope. 170 millions d'euros seront ainsi débloqués par le gouvernement en 2010 afin « d'accompagner » les exploitations fragilisées par la réforme des aides. Sur cette somme, 90 millions devraient être affectés à la rotation des cultures dans les régions céréalières, et 20 millions à l'installation de jeunes céréaliers. À vrai dire, il ne s'agit pas totalement d'une annonce nouvelle puisque le chef de l'État avait déjà promis en février le déblocage de 300 millions d'euros sur le budget du ministère de l'Agriculture pour faire passer la pilule de la réforme des aides communautaires. Une partie des mesures de soutien aux céréaliers sera donc financée sur cette ligne budgétaire.Désamorcer la frondeAu moins, l'Élysée peut-il estimer avoir désamorcé la fronde des céréaliers. Depuis l'annonce de la réaffectation des aides communautaires dont ils ont été jusque-là les principaux bénéficiaires, les puissants lobbies des producteurs de blé et de maïs sont montés au créneau pour dénoncer, selon eux, une baisse de 30 à 50 % de leur revenu. Mercredi dernier, ils étaient près de 5.000 à défiler dans Paris pour manifester leur grogne. Certains céréaliers d'Île-de-France avaient même fait savoir qu'ils voteraient contre la liste UMP aux européennes de juin, celle-ci étant codirigée par Michel Barnier, l'actuel ministre de l'Agriculture, responsable selon eux de la réforme contestée. En apaisant la grogne des céréaliers, l'Élysée peut aussi se targuer d'avoir évité l'éclatement de la FNSEA, le principal syndicat agricole jusque-là tenu par les éleveurs favorables à la réforme. Patrick Coquidé
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