L'État consolide l'avenir d'Areva

Décidément très politique, Anne Lauvergeon a l'art de transformer un demi-échec en succès triomphant. « Nos actionnaires ont confirmé leur total soutien à notre stratégie. Ils ont décidé, selon des modalités que nous proposons depuis longtemps, une augmentation de capital par ouverture à des partenaires, à hauteur de 15 % », a- t-elle expliqué hier, rayonnante, à l'issue du conseil de surveillance qui a arrêté les modalités de financement du plan de développement établi par le groupe. Si cela fait des années, en effet, que la présidente du directoire d'Areva réclame une augmentation de capital, les précédents schémas étaient d'une autre ampleur. Fin 2005, Dominique de Villepin avait stoppé au dernier moment une introduction en Bourse d'environ 40 % du capital d'Areva.donnant-donnantQuant à la deuxième mesure décidée hier, elle s'oppose frontalement à la volonté d'Anne Lauvergeon. « L'État nous demande de mettre en vente notre filiale T&D. Nous allons lancer une procédure d'appel d'offres ouvert », a- t-elle annoncé, sans se départir de son sourire. Elle s'était pourtant toujours déclarée hostile à la cession de cette branche, qu'Areva a restructurée et redressée, après l'avoir acquise à contrec?ur pour sauver Alstom de la faillite en 2004.En contrepartie, l'État a accepté de mettre, indirectement, la main à la poche. D'abord, il s'est engagé à reprendre les participations d'Areva dans Eramet (26 % du capital) et STMicroelectronics (11 %). Ou du moins à les faire racheter par une autre structure publique, « compte tenu de leur caractère stratégique ». Elles valent respectivement 1,3 milliard et 533 millions d'euros, aux cours d'hier. « Je vais pouvoir arrêter de répéter que la participation d'Areva dans Eramet, c'est trop ou pas assez », s'est réjouie Anne Lauvergeon. Ensuite, l'État a accepté de descendre à 25 % du résultat net part du groupe d'Areva le niveau des dividendes qu'il perçoit, à partir de 2010 et pour trois ans. Jusqu'ici, le taux de distribution tournait autour de 50 %, ce qui a apporté environ 300 millions d'euros en 2007 et 2008 aux finances publiques. Enfin, « Areva conservera l'ensemble des sommes issues de toutes les opérations de cession », a précisé sa présidente.Anne Lauvergeon est restée totalement mystérieuse sur les noms des nouveaux « partenaires stratégiques et industriels » qui se partageront presque 15 % du capital d'Areva. Les actuels actionnaires et porteurs de certificats d'investissements cotés en Bourse (4 % du capital) pourront suivre l'augmentation. Ainsi que les salariés actionnaires au terme d'un programme qui va être initié. Le montant de l'opération, qui devrait être bouclée avant la fin de l'année, dépendra de la valorisation du groupe qui va être effectuée.4 candidats pressentisSelon nos informations, quatre candidats, au moins, seraient pressentis : le japonais Mitsubishi, partenaire industriel d'Areva, et les fonds souverains de trois pays du Golfe, intéressés par un programme de nucléaire civil, à Abu Dhabi, au Koweït et au Qatar. « L'objectif est d'ancrer, dans une relation stable et durable, des partenaires stratégiques tant industriels, que géopolitiques, dans des pays clés pour nous », a précisé Anne Lauvergeon.Rappelant qu'Areva avait programmé 10 milliards d'euros d'investissements d'ici à 2012 pour pouvoir répondre à la renaissance du nucléaire dans le monde, Anne Lauvergeon a cependant martelé que « T&D ne serait pas cédé à n'importe quelles conditions ». « Selon la qualité des marques d'intérêt qui seront reçues, la décision de céder ou pas T&D et le choix d'un éventuel acquéreur seront pris avant la fin de l'année », a-t-elle indiqué. Outre le prix (T&D est estimé entre 3,5 et 5 milliards d'euros), Areva sera attentif au projet industriel et à ses aspects sociaux.Par ailleurs, Areva lance aujourd'hui une réorganisation pour aligner son schéma fonctionnel et son découpage financier par pôles, ainsi que la mise en place d'un système de ventes grands projets et d'une ingénierie transverse.
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