japonLa Bourse ne réagit pas forcément avec vigueur aux événements politiques. L'alternance historique qui vient de se produire au Japon en est un dernier exemple. Car, si ce résultat a eu dans un premier temps pour effet de stimuler les indices (+ 2,2 % à l'ouverture), la séance s'est achevée sur une note plutôt terne et négative de 0,40 % à 10.492,73 points. Pour leur première réaction à chaud, « les investisseurs semblent, avant tout, avoir retenu que le nouveau gouvernement ? qui a évoqué des mesures contre la précarité de l'emploi, des aides en faveur des familles, etc. ? allait favoriser la consommation interne au détriment des groupes d'exportations », souligne-t-on chez le courtier Nomura.C'est de fait cette idée qui transparaissait hier dans les arbitrages faits par les investisseurs. Si certaines valeurs de distribution étaient recherchées, la plupart des exportatrices, qui, à elles seules représentent la moitié de la cote, ont souffert de l'envolée du yen (lire ci-dessus). À titre d'exemple, Canon a perdu 3,25 %, Honda, 1,84 %, etc. À l'inverse, la politique nataliste affichée par le Parti démocrate a stimulé certains titres comme Pigeon (+ 2,66 %), un fabricant de produits pour bébés. Certes, il est encore trop tôt pour dire si cette tendance en faveur des valeurs domestiques s'inscrira sur une plus longue durée. « Ce changement politique aura sans doute un impact sur les fondamentaux », poursuit Chakawa Sisowah, mais « il ne se fera sans doute qu'à long terme, et a fortiori plus encore sur la Bourse ». En outre, ajoute-t-il, « le scénario d'une baisse du yen (qui jouerait en faveur des exportatrices), après la victoire de l'opposition, aurait tout à fait pu être plausible ». Et continue de l'être compte tenu de la montée inexorable de la dette publique. « La hausse de la TVA, pour l'heure taboue en raison du manque de dynamisme de la consommation, va nécessairement devoir être envisagée à moyen terme », souligne Hervé Lievore, analyste chez Axa IM.Cette faible marge de man?uvre conjuguée à d'autres défis, celui de la démographie notamment, est souvent avancée par les gérants pour justifier une baisse de leur exposition au marché japonais. « Le vent pourrait toutefois tourner », espèrent certains gérants. « Les valorisations jugées trop élevées dans certains marchés émergents, mais aussi les perspectives meilleures que prévu du côté des groupes japonais pourraient aider à un retour des étrangers », estiment les stratèges de Nomura. Pour l'année qui s'achève en mars 2010, le broker s'attend désormais à un consensus inchangé du côté des résultats opérationnels, et non plus en chute de 8 %.Marjorie Bertouille
Kabuto-chô peu emballée par le changement politique
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