Génériques : la France veut rattraper son retard

La France a fait en quelques années des progrès fulgurants dans la diffusion des médicaments génériques, ces copies de produit dont le brevet est tombé dans le domaine public, vendues environ moitié moins cher. En 2000, le générique représentait 1 boîte sur 20, aujourd'hui il en représente 1 sur 5, ce qui a permis à l'assurance-maladie de faire d'importantes économies. Parmi les médicaments qui possèdent un générique, la substitution fonctionne très bien, essentiellement grâce aux pharmaciens, puisque la pénétration des génériques est passée en huit ans de 24 % à 80 %. Mais cette dynamique se heurte à un obstacle majeur : les médecins ont souvent tendance à prescrire des médicaments qui n'ont pas, ou pas encore, de copie. À peine 30 % des médicaments prescrits l'an dernier disposaient d'un générique. Plus de deux fois sur trois, le pharmacien ne peut donc pas substituer le médicament d'origine par un produit moins coûteux. D'où un plafonnement des génériques. L'assurance-maladie dispose là d'un gisement d'économies considérables.souplesse La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a donc décidé de travailler avec l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) pour élargir le répertoire des médicaments susceptibles d'être remplacés par un générique. L'objectif est d'être plus souple dans la substitution. Actuellement, le générique doit être strictement identique, dans sa composition qualitative et quantitative en principe actif et avoir la même forme pharmaceutique. Exemple : le générique d'un comprimé à avaler (Spasfon) ne peut pas remplacer la version à faire fondre sous la langue, le Spasfon Lyoc, car le principe actif ne se libère pas à la même vitesse. Or, les laboratoires ont développé nombre de ces produits jumeaux, mais pas strictement identiques. L'Assemblée nationale a voté hier deux mesures visant à développer les génériques. Il s'agit principalement d'autoriser la substitution de tout médicament par un générique, dès lors que les formes cliniques sont équivalentes sur le plan thérapeutique. « Cela générera plusieurs dizaines de millions d'euros d'économies, estime Fabienne Bartoli, adjointe au directeur général de l'Afssaps. Mais tant que les médecins ? et peut-être même les patients ? n'auront pas un intérêt très fort dans ces produits génériques, nous n'arriverons pas au taux de 50 % de génériques sur l'ensemble des médicaments pris en charge. » mise en place d'un bonusEn Allemagne, les génériques représentent 56 % des boîtes de médicaments remboursables (voir graphique). « En Allemagne ou en Grande-Bretagne, les médecins prescrivent dans des enveloppes fermées, si bien que pour pouvoir prescrire des molécules onéreuses, ils recourent systématiquement aux génériques lorsqu'ils existent », poursuit-elle. En France, l'assurance-maladie peine à orienter la prescription médicale. La mise en place de contrats individuels, prévoyant un bonus pour les médecins atteignant notamment des objectifs de prescription de génériques, pourrait changer la donne.
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