Je n'ai jamais vu cela. » « La situation est catastrophique. » En interne, chez Air France, les mots ne sont pas assez durs pour qualifier l'ampleur de la crise qui frappe le transport aérien. Et à laquelle n'échappe pas le groupe français, qui a déjà prévu d'annoncer une perte d'exploitation de 200 millions d'euros le 13 février avec ses résultats du troisième trimestre. « Nos résultats se dégradent, a déclaré vendredi à Biarritz le directeur général du groupe, Pierre-Henri Gourgeon, à la convention annuelle des agents de voyages. Nous espérons annoncer un résultat positif à l'issue de notre exercice, fin mars, mais cela dépend de l'évolution de la conjoncture d'ici là. » Les comptes seront déjà plombés par le fret. Encore bénéficiaire au premier semestre (22 millions d'euros), le groupe tablerait, selon nos informations, sur une perte d'exploitation de plus de 200 millions d'euros sur l'année pour cette seule activité. Un gouffre pour une branche qui pèse 15 % de l'activité du groupe. Mais qui traduit l'effondrement des échanges internationaux et la concurrence du maritime. Interrogé, le groupe a répondu qu'il ne disposait pas encore des chiffres.L'activité passagers souffre aussi terriblement. « Entre les passagers qui ne voyagent plus et ceux qui passent de la classe affaires à la classe économique, la recette unitaire est sous pression », a indiqué Pierre-Henri Gourgeon. À cela s'ajoutent les coûts des couvertures carburant (achat à terme), devenues pénalisantes avec la baisse du prix du brent. Dans ce contexte, Air France-KLM va à nouveau réviser ses capacités (mesurées en siège kilomètre offert) à la baisse. Tablant jusqu'ici sur une « croissance zéro » pour la prochaine saison estivale qui débutera fin mars, Pierre-Henri Gourgeon a annoncé une croissance des capacités légèrement négative pour Air France (il n'a pas parlé de KLM), avec notamment un recul de 1 % à 2 % sur le long-courrier. Une tendance qui s'appliquerait aussi pour la saison hiver 2009-2010.pas de plan socialDans le détail, Air France prévoirait pour cet été, selon nos sources, de baisser sa capacité de 4 % sur le réseau court-courrier, de la stabiliser sur le moyen-courrier, et de la réduire de 2 % sur le long-courrier avec notamment la sortie de flotte d'un B747-400. La prise de livraison d'un Boeing 777-300 ER a été reportée d'un an. Ces décisions vont automatiquement réduire la capacité cargo dont une grande partie est transportée dans les soutes des avions passagers. Mais un plan de réduction de l'offre de la flotte tout cargo est à l'étude. Et si deux B777F neufs doivent arriver fin février, deux autres, et non cinq, les rejoindront en 2009. Ces mesures vont-elles toucher l'emploi ? Le président du groupe, Jean-Cyril Spinetta, n'avait-il pas indiqué à l'automne aux syndicats qu'un point de croissance en siège kilomètre offert équivalait à 600-800 emplois ? Pour l'heure, si les embauches sont gelées pour le personnel au sol, les hôtesses et stewards, aucun plan social n'est prévu. Le groupe ne veut pas se priver de bras au cas où il récupérerait du trafic de concurrents plus fragiles, obligés de réduire plus fortement leur voilure.

latribune.fr

13 Févr 2009, 1:31

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