La dette subordonnée bancaire inquiète les agences de notation

Les titres hybrides survivront-ils à la crise?? Certains analystes en doutent de plus en plus. Depuis la chute de Lehman Brothers, aucune banque (à l'exception de Mizuho, la deuxième banque japonaise) ne s'est risquée à émettre ce type de produit, pourtant devenu essentiel pour le bilan des institutions financières. La dette dite « Tier 1 » est en effet très subordonnée et à ce titre, et intégrée dans les fonds propres durs des banques pour le calcul des ratios de solvabilité.Mais du point de vue des investisseurs, il s'agit d'une dette extrêmement risquée. A moyen ou long terme, son remboursement est en effet subordonné au remboursement de tous les autres types de dette. Et à court terme, les titres hybrides sont souvent assortis de clauses permettant par exemple aux banques (dans certaines circonstances définies à l'avance) de suspendre ou de reporter le paiement de l'intérêt dû aux créanciers.Ainsi la Commission européenne avait-elle conditionné son approbation du plan de soutien à la banque régionale allemande BayernLB à la suspension des intérêts sur ses titres hybrides. Il y a quelques semaines, Hypo Real Estate à son tour a annoncé qu'il n'allait pas payer de coupons sur certains de ses titres.suspension des versementsSigne de l'inquiétude des investisseurs, les « spreads » (c'est-à-dire la rémunération supplémentaire exigée par rapport à un taux sans risque) sur la dette hybride ne cessent de s'élargir. « Depuis 2008, les banques ont subi des pertes colossales. Celles-ci ont pour l?instant été absorbées par les actionnaires et par l'État, mais les détenteurs de dette ?Tier 1? risquent fort d'être les prochains à devoir absorber les pertes », explique Gwenaëlle Lereste, analyste crédit chez Calyon.Si le nombre de banques à suspendre le versement de leur coupon est pour l'instant limité, les agences de notation n'ont pas tardé à réagir. Dès la fin de l'année dernière, elles informaient les investisseurs de ce risque. Et, dernier développement en date, cette semaine, Standard & Poor's a dégradé les notes des titres hybrides de plus de 60 institutions financières européennes. « Avant la crise, la dette ?Tier 1? était en général notée deux crans en dessous de la dette classique. Maintenant, cette différence peut aller de 3 crans pour les banques qui présentent un risque de non-paiement de coupon modéré, à 5 crans voire plus pour les plus risquées », détaille Arnaud de Toytot, managing director au sein du groupe chargé de la notation des banques chez S&P. En effet, si historiquement, très peu de banques ont utilisé cette possibilité, car elles craignaient de se mettre les investisseurs à dos, « compte tenu de la situation difficile des institutions financières, des plans de soutien des gouvernements et de certaines mesures exceptionnelles comme la suspension du versement du dividende sur les actions ordinaires, il existe un risque supplémentaire de non-paiement des intérêts sur la dette hybride », prévient Arnaud de Toytot.
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