Le régulateur des télécoms change de ton

Jean-Claude Mallet entre théoriquement en fonctions demain, dimanche 4 janvier. Le président de la République l'a nommé, par décret le 1er janvier, président de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), pour un mandat de six ans, irrévocable et non renouvelable. C'est un juriste qui remplace l'économiste Paul Champsaur à la tête du gendarme des télécoms. Normalien, diplômé de l'ENA, ce conseiller d'État de 53 ans a présidé l'an dernier la commission du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. Il a reconnu lui-même que sa formation et son expérience « n'étaient pas centrées sur les télécommunications », lors de son audition par la commission des Affaires économiques du Sénat le 17 décembre dernier.Ayant « abordé la question des télécoms par un biais inhabituel, celui de la sécurité et des enjeux stratégiques », Jean-Claude Mallet en a retiré la conviction que « les questions liées à la révolution numérique et aux réseaux » sont « fondamentales pour la sécurité du pays et de l'Europe », a-t-il confié à la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, qui a donné un avis favorable à sa nomination. Il en a développé une vision personnelle du rôle de l'Arcep « qui ne se limite pas au domaine étroit des télécoms, mais doit s'étendre plus globalement aux questions liées à la révolution numérique », ce qui ne laissera pas indifférents les sages du Conseil supérieur de l'audiovisuel à l'heure où le secrétaire d'État au numérique, Éric Besson, a été chargé d'une réflexion sur l'organisation de la régulation des télécoms et des médias. De plus, il considère que, si l'Arcep est une autorité administrative indépendante « selon l'expression juridique », c'est selon lui « une autorité de l'État » qui travaille « clairement en aval du gouvernement et du Parlement ». Une déclaration surprenante, alors que la loi sur l'audiovisuel a ravivé le débat sur l'indépendance des régulateurs.nombreux chantiersSi son prédécesseur avait à c?ur de stimuler une saine concurrence, Jean-Claude Mallet semble appréhender la régulation avec une tout autre philosophie. Il n'a pas une fois mentionné le mot « concurrence » au sujet des télécoms lors de ses auditions au Parlement. La députée (UMP) Laure de La Raudière s'est aussi étonnée qu'il n'ait « pas évoqué la question, pourtant d'actualité, d'un quatrième opérateur de téléphonie mobile », alors que l'Arcep devra lancer un appel d'offres sur les fréquences de la quatrième licence.Aux yeux de Jean-Claude Mallet, les grands dossiers de l'Arcep, à court et à moyen terme, sont « la couverture, le service universel et l'accès aux réseaux », mais aussi le déploiement de la fibre optique et la préparation à la nouvelle génération de téléphonie mobile (la quatrième après la 3G), ainsi que « trouver un équilibre entre le marché, la consommation et l'industrie. » En effet, le nouveau patron de l'Arcep juge « anormal que le prix des SMS n'ait pas bougé depuis 2005 ».rassurerPour trouver cet équilibre, « il faut se soucier du consommateur et éviter qu'il pâtisse de l'existence de monopoles, d'oligopoles et d'ententes, mais il est également impératif de permettre l'émergence de champions de niveau international ». Ces propos font écho à une note de la Société Générale ayant fait grand bruit début décembre : les analystes de la banque citaient Didier Lombard, le PDG de France Télécom, qualifiant Jean-Claude Mallet de « patriote » plus enclin à stimuler les champions nationaux que la concurrence? Le nouveau gendarme des télécoms n'a pas caché devant le Sénat qu'il serait « très attentif à favoriser le bon positionnement des acteurs français dans la compétition internationale ». De quoi réjouir France Télécom et Vivendi-SFR?« Il est impératif de permettre l'émergence de champions de niveau international. »
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