« Les élections en Israël se gagnent sur une ligne dure »

La perspective électorale a-t-elle joué un rôle dans le déclenchement de l'offensive israélienne??Non, les élections ne sont ni la cause ni même le facteur déterminant du lancement de l'opération « Plomb durci », suscitée par les tirs de roquettes du Hamas et par la grande exaspération de l'opinion publique en Israël. Reste que le choix de la date de l'opération relève certainement de considérations internes, mais aussi externes : il ne faut pas oublier qu'un 27 décembre, dans une période de transition de pouvoir aux États-Unis, Washington ne fonctionne pas !Qu'est-ce que peuvent attendre les trois candidats de cette offensive?? Il y a trois semaines, Benjamin Nétanyahou, le leader du Likoud, faisait figure de favori. Inversement, Ehoud Barak, l'actuel ministre de la Défense, paraissait en grande difficulté, car largement distancé par ses rivaux. Le Parti travailliste qu'il dirige n'était crédité que d'une dizaine de sièges (sur un total de 120), soit son plus bas niveau historique. Il est vrai que cette formation a perdu une bonne partie de sa lisibilité, et la valse de ses responsables au cours des dernières années n'a guère arrangé les choses. Enfin, Kadima, le parti de la ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, était lui aussi à la traîne. Or, depuis le début de l'offensive, les intentions de vote se sont beaucoup resserrées. Si Benjamin Nétanyahou tient toujours la corde, son avance n'est que de deux sièges, tandis qu'Ehoud Barak a gagné 5 ou 6 sièges.Ce n'est pas la première fois que les autorités israéliennes déclenchent des opérations militaires avant des élections?Non : déjà en 1981, Menahem Begin, sur qui personne n'aurait parié un shekel tant il était usé après quatre années de pouvoir, avait lancé une attaque sur le réacteur nucléaire Osirak en Irak. Trois semaines plus tard, il était réélu. En avril 1996, alors que le pays préparait des élections importantes, après l'assassinat de Yitzhak Rabin, Shimon Peres avait déclenché l'offensive « les Raisins de la colère », à la suite de tirs de roquettes du Hezbollah sur des villes du nord du pays. Mais l'opération s'était mal passée, des obus israéliens bombardant un camp des Nations unies, faisant 120 victimes civiles. Shimon Perez a été battu aux élections. Quel est votre pronostic pour le scrutin?? Il est encore trop tôt pour mesurer l'impact de l'offensive. Pour l'heure, l'opération profite à Tzipi Livni et Ehoud Barak. Surtout, elle démontre que les élections en Israël se gagnent sur une ligne dure. Parallèlement, il ne faut pas oublier que le système politique israélien empêche la formation d'une réelle majorité et conduit nécessairement à des coalitions hétéroclites. Au-delà des jeux électoraux, les candidats affichent-ils des options différentes sur la Palestine??Il y en a en tout cas deux : Tzipi Livni et Ehoud Barak restent, en dépit de leur durcissement, favorables à des négociations. Le Likoud, lui, affiche une position intransigeante, refusant de rendre le Golan, ou de négocier avec les Palestiniens. (*) Professeur des universités, il est l'auteur de « Quelques idées simples sur l'Orient compliqué ». éditions Ellipses, 2008.
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