Les cours du fret plongent, les navires restent à l'ancre

C'est un record historique. Fin mars, plus de 450 navires de fret sec étaient à l'ancre selon Barclays Capital, attendant des cargaisons de plus en plus rares. « Il ne se passe vraiment pas grand-chose sur les mers. Les industriels n'ont rien à transporter ; ils sont surtout occupés à renégocier leurs contrats annuels », assure un courtier parisien. Faute d'utiliser les vraquiers, les aciéristes, qui n'ont nul besoin de minerai de fer ou de charbon à coke, révisent leurs contrats qui courent sur plusieurs années, afin de ne payer que le prix du marché actuel aux armateurs. Entre l'Afrique du Sud et l'Europe, le trajet le plus fréquent pour les cargaisons de charbon, le prix du fret est passé de 62 euros par tonne mi-2008 à 5 euros par tonne. Les contrats de longue période se situaient plutôt sur des niveaux de 30 à 40 euros par tonne. Le charbon et le minerai de fer, qui représentent plus de 60 % du fret sec au niveau mondial, restent aujourd'hui sous terre en raison des mises à l'arrêt des sites de construction automobile, et donc des aciéries. Même le marché des céréales, d'ordinaire peu impacté par les yo-yo de l'économie mondiale, pourrait être affecté cette année : le commerce international de grains devrait reculer de 12 millions de tonnes à 226 millions de tonnes sur l'année 2008-2009 après une mauvaise récolte de maïs en Argentine.Souvent perçu comme un indicateur avancé de la conjoncture, l'indice du fret sec Baltic Dry Index a essuyé hier sa dix-huitième séance de baisse, de 2,08 % à 1.506 points. Alors que le marché des métaux de base se sent pousser des ailes grâce aux espoirs suscités par l'injection de nouvelles liquidités dans l'économie mondiale, le fret maritime renvoie une image beaucoup plus pessimiste. trop de naviresS'il reste quelques motifs d'optimisme, du côté de la demande, notamment parce que la Chine profite de la crise économique pour garnir ses stocks de matières premières, l'offre risque de compromettre le redémarrage des cours. Lorsque les prix du fret ont atteint leur point haut mi-2008, les carnets de commande des chantiers navals ont grimpé jusqu'à 2.000 navires, dont au moins 70 % devaient être livrés d'ici à la fin 2010 selon des estimations. Ce qui correspond à une augmentation des capacités de 10 % par an, avec un total de 1,2 milliard de tonnes de capacités supplémentaires. « Même avec une demande correspondant à celle de 2008 et des routes de transport qui s'allongent, la croissance dans l'offre de navires aurait de toute façon dépassé la demande », assure Amrita Sen chez Barclays Capital, qui n'écarte pas que les tarifs de fret soient fragilisés plusieurs années durant. n
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