Malgré la sédition qui s'organise, le dollar n'a pas dit son dernier mot

Il y a encore un an, lorsqu'il s'enfonçait dans un gouffre sans fond, le dollar n'aurait pas résisté à l'offensive sino-russe de remise en cause de son rôle de monnaie internationale de référence. Et bien que les deux protagonistes et leurs séides des grands pays émergents aient affiché leur intention au G20, où le sujet a été absent des débats mais omniprésent dans les esprits, de remettre le couvert lors des prochains sommets internationaux, le roi controversé n'a quasiment pas pipé. Chacun sait qu'aucune monnaie ou instrument de paiement du type des droits de tirage spéciaux, les DTS du FMI, n'est en mesure de venir concurrencer dans un avenir prévisible le maître incontesté du système monétaire international depuis la rupture de la convertibilité du dollar en or en 1971. Un peu plus de dix ans après la naissance de l'euro, la monnaie unique n'est parvenue à lui tailler des croupières que sur un seul des quatre segments qui déterminent le statut de monnaie internationale, celui de monnaie d'emprunt. En tant que monnaie de réserve, le dollar conserve 64 % de part du gâteau, contre 26,5 % pour l'euro, et son hégémonie est incontestée en tant que monnaie de transaction et de facturation.On ne s'étonnera donc pas que le dollar ait résisté vendredi à la nouvelle et sévère dégradation du marché du travail aux États-Unis. L'oncle Sam a encore détruit 663.000 emplois en mars, après 651.000 en février, 655.000 en janvier et 681.000 en décembre, mois le plus noir depuis 1949. Parallèlement, le taux de chômage, à 8,5 % des actifs contre 8,1 % un mois plus tôt, se retrouve à son niveau le plus élevé depuis fin 1983. Enfin l'indice d'activité dans les services a continué à reculer, l'indice des directeurs d'achat du secteur non manufacturier a reculé à 40,8 en mars, contre 41,6 en février. embellie et zones d'ombreMalgré des signes d'embellie dans les secteurs immobilier et industriel, des zones d'ombre demeurent. Mais les opérateurs sur le dollar préfèrent voir le verre à moitié plein. D'autant que les statistiques de vendredi étaient conformes à leurs anticipations et que Christina Romer leur a mis du baume au c?ur. La responsable des conseillers économiques de la Maison-Blanche annonce le retour à une croissance positive vers la fin de l'année en cours, qui se répercutera sur le marché du travail avec un petit décalage. À la veille du week-end, la monnaie américaine a refranchi le seuil de 100 yens pour la première fois depuis le début du mois d'octobre dernier, époque à laquelle il faisait la course en tête avec la monnaie japonaise aujourd'hui déchue. Vis-à-vis de l'euro, le dollar est resté cantonné dans une étroite fourchette, oscillant autour de 1,34. Isabelle Croizard
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