L'État propose le PDG de Nexter

Après le coup de froid entre l'Élysée et Serge Dassault (« La Tribune » du 28 avril), le dossier de la succession de Denis Ranque à la tête de Thales a pris une tournure inattendue. Le PDG du groupe d'électronique a dû se rendre en fin de semaine à Bercy pour récupérer une lettre de mission du ministre de l'Économie, Christine Lagarde. Selon nos informations, les actionnaires actuels ? État, Groupe Industriel Marcel Dassault (GIMD) et Alcatel ? lui demandent de réunir le Csar (Comité de sélection des administrateurs et des rémunérations), un comité du conseil d'administration de Thales, en vue d'examiner la candidature du PDG de Nexter, Luc Vigneron. L'État souhaite une décision rapide avant la fin de la semaine prochaine pour une succession bouclée avant l'assemblée générale de Thales, le 19 mai.La montée en puissance de Serge Dassault avec le rachat par Dassault Aviation ? filiale de GIMD ? de 26 % du capital de Thales est peut-être en voie de concrétisation. Résumé des principaux épisodes : l'Élysée confie en décembre dernier le rôle du partenaire industriel de Thales à Dassault Aviation, qui se substitue à Alcatel Lucent. Le PDG de Dassault Aviation et bras droit de Serge Dassault, Charles Edelstenne, signifie dès l'automne dernier à Denis Ranque, tardivement rallié à ce schéma, qu'il ne travaillera pas avec lui. Il lui préfère François Quentin, un baron de Thales, débarqué peu de temps après par Denis Ranque, et, surtout, veut contrôler le groupe avec 26 %. Tout semble rouler pour Serge Dassault. Mais il y a un grain de sable : contrairement à ce que pensaient Serge Dassault et Charles Edelstenne, l'État souhaite une gouvernance équilibrée entre lui et Dassault. Fureur de Serge Dassault au point de remettre toute l'opération en cause. Il n'en est rien au jour d'aujourd'hui.C'est une petite victoire pour Denis Ranque, qui se battait pour que sa succession se déroule selon un processus transparent. C'est aussi et surtout un véritable pari de l'État de passer par le Csar, présidé par Robert Brunck (PDG de CGG Veritas) et qui est déjà monté au créneau mi-avril pour crédibiliser le processus de succession du PDG de Thales. Quatre recommandationsPour l'heure, rien ne dit que le Csar, qui va être sous pression, va accepter une seule candidature, celle de Luc Vigneron, PDG du groupe Nexter (580 millions d'euros en 2008), pour prendre les rênes de Thales (12,7 milliards d'euros). Ainsi, le Csar avait notamment proposé à Denis Ranque quatre recommandations, qui sont loin d'être satisfaites par la candidature de Luc Vigneron : constitution d'un comité de travail, formé au minimum des membres du Csar ; examen de l'opportunité de se faire assister par un conseil extérieur ; examen par ce comité des candidatures potentielles et audition des candidats short-listés.
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