Commerce  : la fracture dominicale

Le débat sur l'ouverture du commerce le dimanche, qui doit s'ouvrir ce mardi à l'Assemblée nationale, promet d'illustrer l'invraisemblable fossé qui sépare les élus de tous bords de la société française. À droite comme à gauche, on trouvera autant de candidats pour dénoncer le coup porté à la vie de famille ou au jour du Seigneur, au déjeuner dominical et à la randonnée post-prandiale, ou encore au droit inaliénable du salarié au repos hebdomadaire. Et autant pour questionner la définition d'une zone touristique, au nom du Code du tourisme comme du Code du travail ! Un spectacle ubuesque, où se nouera une alliance improbable entre les enfants de Poujade et un PS en quête de sujet fédérateur, entre la banderole et le goupillon. Ce débat ne manquera pas de ranimer cette passion très française qui, de la bataille d'Hernani à la loi Hadopi, a échauffé les repas et divisé les familles. Mais il a quelque chose de surréaliste, pour ne pas dire hors d'âge dans une France aussi déchristianisée sans que le commerce n'y soit pour rien, et qui depuis trente ans a si profondément changé. Cela fait belle lurette que la famille monocellulaire n'est plus exemplaire. Et que, de décomposées à recomposées, les familles à géométrie variable se réunissent à l'occasion, selon un calendrier non christique. Cela fait bien longtemps aussi qu'elles se promènent au centre commercial avec le même bonheur que, naguère, à Meudon-la-Forêt. On peut le regretter. On ne peut l'ignorer. Ni même que 7 millions de Français travaillent déjà ce jour-là, sans que cela n'ait jamais déclenché le moindre drame national. Alors s'arc-bouter contre un projet réduit a minima, qui ne gardera de l'ambition initiale que le nom, relève d'un bien mauvais combat. Un combat bien français qui évite de faire la véritable évaluation préalable de l'impact économique de la réforme, sur la consommation, sur l'emploi et sur les revenus des Français. [email protected] Valérie SEGOND
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