Direction la ville natale d'Andy Warhol, pour prolonger l'e...

Jours tranquilles à PittsburghLa ville est grise. Pas triste. Grise. Lumineuse sous le soleil, mystérieuse sous les nuages. Ainsi se présente Pittsburgh, semblable à beaucoup de villes américaines moyennes, mais particulière par son architecture. D'énormes buildings de verre, d'acier, de marbre qui, sans narguer la nature, impose leur puissance. Avec, en contrepoint, des immeubles construits au début du siècle dernier, véritable folie créatrice de l'époque. Pittsburgh est comme un rêve de banquier. Elle impose sa force, son énergie et cache ses trésors. Sans complexe, ni arrogance. Sûre d'elle-même.Au détour d'une rue, au hasard, imposante comme un château fort, une bâtisse aux accents médiévaux, tant à travers la pierre que dans les formes. Ailleurs de petits gratte-ciel ressemblent à des cathédrales avec dômes et clochers. Un peu comme si Viollet-le-Duc s'était glissé dans la cité et avait mis sa patte où bon lui semble. D'ailleurs des constructions modernes n'échappent pas à ce baroquisme urbain. Presque un style pour la ville.By nightPittsburgh ressemble à un décor, surtout la nuit lorsque les rues sont désertées et que les façades d'immeubles se couvrent de lumières bleues, vertes ou jaunes. À cet instant, on découvre ses richesses cachées, ses ?uvres d'art contemporain, comme cette immense fontaine de Louise Bourgeois en marbre noir, juste à côté du théâtre. La journée n'envie rien à la nuit. Toujours le même calme, une circulation fluide et des passants presque nonchalants. Mais on ne s'ennuie pas à Pittsburgh. Son orchestre symphonique est de renommée mondiale, son musée d'art moderne Carnegie recèle de belles pièces et Andy Warhol y a pignon sur rue. C'est l'enfant du pays. Pas le seul. Gertrude Stein et Gene Kelly, tout aussi célèbres que lui, y sont nés eux aussi.Justement, le musée Carnegie. Avant d'aller le visiter, une petite halte s'impose sur le chemin, juste à deux pas de là. Au Pamela's, un de ces cafés à l'ancienne où il faut prendre un petit déjeuner. Le décor restauré par un jeune boss astucieux est resté dans l'esprit des années 1950. Tables et chaises en Formica, rouges et jaunes, banquette en skaï, papier peint aux motifs géométriques. De l'intérieur, on peut apercevoir une affiche pour Coca-cola qui doit bien être là depuis des décennies, caressée jusqu'à l'effacement par la pluie et le vent. Portrait d'une femme brune, sexy, les cheveux tombant sur ses épaules nues. Une de ces femmes que l'on rencontre dans les tableaux d'Edward Hopper. Quant au breakfast. Du traditionnel. « American Graffiti » en version originale.Art contemporainSi le Carnegie Museum n'est pas très riche en art moderne, en revanche il possède une belle collection d'art contemporain. L'accueil dans le hall est brillant : wall painting de Sol LeWitt qui mène aux étages. Immense sculpture animée de Jean Dubuffet (période L'Hourloupe) et paysage d'Alex Katz, artiste figuratif plus connu aux États-Unis qu'en France (même s'il est exposé cet été au musée de Grenoble). Dans les galeries, on relève des pièces maîtresses de Peter Doig, Marlene Dumas ou encore Gerhard Richter. Du beau monde.Pourtant la grande surprise à Pittsburgh ne vient pas de ce musée, mais d'un lieu au nord de la ville dans une proche banlieue avec ses maisons en bois aux couleurs passées, souvent de guingois, abandonnées parfois ou en restauration. Des airs de petits villages provinciaux où tout semble s'être arrêté il y a des lustres. C'est là que s'est installée en 1972 la Mattress Factory, un centre de recherche, un laboratoire pour artistes contemporains. Et aussi un lieu d'exposition. Cette ancienne savonnerie abrite en ce moment les installations de James Turrell et Yayoi Kusama, deux artistes de renommée internationale.La déception WarholEt le musée Warhol ? Sans être vraiment déçu, il n'est pas à la hauteur de ce que l'on espère. Avec un ensemble de pièces intéressantes, mais pas phares, il s'adresse d'abord à des visiteurs qui connaissent bien l'?uvre d'Andy Warhol. Plus un lieu d'archives et de mémoire que d'exposition. Reste, avant de quitter Pittsburgh, une balade champêtre dans les environs pour voir deux réalisations de l'architecte Frank Lloyd Wright.La première, « Kentuck Knob », date de 1956, l'autre, plus célèbre, celle que l'on montre toujours, « Fallingwater House », construite en 1936 au-dessus d'un cours et d'une chute d'eau. Si la première déçoit par ses côtés alambiqués et sans grande invention et des partis pris architecturaux répétitifs, en revanche la seconde éblouit par sa simplicité, un style qui dialogue continuellement avec la nature, l'introduit à l'intérieur de l'espace. Maison de lumière qui privilégie le matériau brut, la forme épurée, les couleurs franches. Une ?uvre toujours aussi contemporaine quelle que soit l'époque. De l'art.Jean-Louis Pinte
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.