Après le Palazzo Grassi, François Pinault s'offre un nouvel ...

Le Grand Canal de l'artC'est plus qu'un collectionneur, un amateur d'art. François Pinault ne se contente pas d'amasser les ?uvres d'artistes. Rien de compulsif, chez lui. Au contraire, il veut les montrer, les offrir au regard du public. Pour cela, il avait déjà acquis à Venise le Palazzo Grassi. Aujourd'hui, il prend possession de Punta della Dogana (la Pointe de la Douane), un bâtiment du XVe siècle abandonné depuis plusieurs dizaines d'années, juste à côté de la basilique della Salute, sur le Grand Canal. Dans quel but ? Présenter une plus grande partie de sa collection privée d'art contemporain. Pour cela, la ville de Venise lui a concédé un bail de trente-trois ans, à charge pour lui d'effectuer tous les travaux nécessaires pour la remise en état du lieu. Une certaine grâceRésultat ? 20 millions d'euros de travaux, sous la direction de l'architecte Tadao Ando et de Massimo Cacciari. Ce lieu sobre et majestueux de l'extérieur a retrouvé une certaine grâce, une élégance due aux partis pris de restauration du bâtiment. Passé et présent dialoguent ensemble. La brique rose des murs d'origine s'accorde avec les cloisons de béton lisse et trouée, véritable signature de Tadao Ando. Quant à la charpente en bois, elle domine l'ensemble du bâtiment en toute discrétion.On est là dans un lieu qui n'est pas un musée mais un espace où l'art contemporain vit et respire son époque. Où rien n'est figé, où les générations d'artistes se côtoient, parlent entre elles le même langage à travers une centaine d'?uvres. L'exposition s'intitule d'ailleurs « Mapping the studio ». Une certaine géographie de l'art. Il y a d'abord la surprise de la première salle, véritable éblouissement pour le regard. La commissaire d'exposition Alison Gingeras, avec Francesco Bonami, y a dressé comme un portrait de François Pinault collectionneur. Des ?uvres aussi bien de Felix Gonzalez-Torres, Maurizio Cattelan ou encore les peintures de Luc Tuymans ou Glenn Brown sans oublier l'immense installation de Rachel Witheread. Si les chouchous de l'amateur d'art sont tous présents comme Jeff Koons ou Murakami, on apprécie aussi des artistes moins connus comme Rudolf Stingel ou Charles Ray.L'exposition « Mapping the studio » se poursuit au Palazzo Grassi où l'accrochage des ?uvres est plus délicat. En dehors du hall d'entrée, les espaces sont plus restreints. Mais on a quand même le plaisir de découvrir des pièces singulières de Martial Raysse, la multitude de dessins de Raymond Pettibon ou l'univers de Martin Kippenberger. Et l'on retrouve certains artistes exposés à Punta della Dogana. Aux deux endroits, le plaisir est total.Jean-Louis Pinte
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