L'Italie freine la régularisation

Le gouvernement italien met un sérieux coup de frein à l'immigration légale. Sous la pression conjointe de ses alliés de la Ligue du Nord, hostiles à l'immigration, et de la récession économique, Silvio Berlusconi vient de limiter à 150.000 étrangers non issus de l'Union européenne (UE) le contingent de permis de séjour et de travail à attribuer au titre de l'année 2008. Ce nombre est non seulement inférieur aux 170.000 permis de séjour ouverts en 2007 mais surtout trois fois moindre que le contingent autorisé en 2006?: 520.000 entrées régulières pour les ressortissants de pays hors UE. Avec son retour au pouvoir cette année, Silvio Berlusconi adopte une position très différente sur l'immigration de celle suivie en 2002. L'introduction d'une nouvelle législation sur l'entrée et le séjour des étrangers (la loi Bossi-Fini) déboucha sur la régularisation de 700.000 étrangers présents dans la péninsule. Une politique qui irrita profondément le ministre français de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy. Le Cavaliere est désormais beaucoup plus dépendant de la Ligue du Nord, seul parti de la majorité à avoir gagné des voix aux élections législatives du printemps, et hostile à l'immigration. « Penser d'abord à nos gens à propos de l'emploi n'est pas du racisme, mais du bon sens » a ainsi lancé la vice-présidente du Sénat, Rosi Mauro, une dirigeante de la Ligue. Les parlementaires de ce parti xénophobe ont demandé un moratoire de deux ans sur les permis de séjour pour les étrangers. Le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, également de la Ligue, a certes maintenu l'accord avec le parti de Silvio Berlusconi pour le contingent de 150.000 de cette année. Mais ceux-ci, loin de représenter l'arrivée de nouveaux migrants, ne sont que la régularisation partielle des milliers d'immigrés clandestins qui en avaient fait la demande au titre du contingent 2007. Au total, 740.677 requêtes de régularisation avaient été transmises il y a un an, pour à peine 170.000 permis à attribuer. La politique d'immigration restrictive affichée par le nouveau cabinet Berlusconi, notamment à travers des sanctions pénales et financières élevées pour les immigrés clandestins arrêtés, ne semble pourtant pas avoir d'effet sur la volonté des migrants de rejoindre l'Italie. En 2008, 36.900 clandestins sont arrivés sur les côtés italiennes, dont 31.000 migrants sur l'île de Lampedusa en provenance du continent africain. Ces arrivées sur des bateaux de fortune sont en augmentation de plus de 75 % par rapport à l'an dernier. Contre toute attente, les restrictions à l'entrée de nouveaux migrants sont soutenues par certains syndicalistes du Nord-Est industrialisé de l'Italie. « Dans notre province, désormais, des milliers d'immigrés ont perdu leur emploi et beaucoup risquent d'être expulsés ou de tomber dans la clandestinité [leur permis de séjour n'étant du coup pas renouvelé, Ndlr], nous avons demandé aux autorités de suspendre les nouvelles entrées tant que les chômeurs étrangers n'auront pas retrouvé du travail » a indiqué Paolo Barbiero, le secrétaire du grand syndicat de gauche CGIL pour la région de Trévise. On compte actuellement près de 140.000 étrangers au chômage en Italie.Frank Paul Weber, à Mil
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