La Banque d'Angleterre menacée de perdre son indépendance

Le verdict des 60 économistes du panel de l'agence Bloomberg est sans appel : la Banque d'Angleterre baissera ses taux ce jeudi à l'issue de son premier conseil de l'année. La prévision médiane fait état d'une détente d'un demi-point, qui ferait tomber son taux directeur à 1,5 %, au plus bas de ses trois cent quinze ans d'histoire.Les experts interrogés sont même une bonne vingtaine à pronostiquer un assouplissement plus important de trois quarts, voire d'un point entier de pourcentage, comme en décembre. Toujours selon la prévision médiane, la Vieille Dame de Londres récidiverait dans les mêmes proportions à l'issue de ses trois prochains conseils mensuels, faisant tomber le loyer de l'argent à 0,5 % dès le mois d'avril.bras de ferLa tentation des taux zéro, à l'instar de ceux pratiqués par la Réserve fédérale américaine et la Banque du Japon, qui s'est emparée des neuf membres du conseil de la Banque d'Angleterre, risque cependant d'avoir un coût, très élevé : son indépendance acquise tardivement en 1997, qui lui avait été consentie par Gordon Brown, lorsqu'il tenait la barre des finances britanniques. Dans une interview diffusée par l'édition électronique du « Financial Times », l'actuel chancelier de l'Échiquier, livrant un diagnostic particulièrement inquiétant sur l'avenir de l'économie britannique, a lâché un pavé dans la mare. Pour Alistair Darling, « si les taux tombent vers zéro, la Banque d'Angleterre perdra son indépendance en matière de définition de la politique monétaire et elle devra travailler main dans la main avec le Trésor ». Cette déclaration ne manquera pas d'irriter la plupart des « sages » qui demandaient que le comité de politique monétaire reçoive du Trésor l'autorisation de mettre en ?uvre des mesures d'assouplissement monétaire quantitatif. C'est-à-dire de créer de la monnaie et de l'utiliser pour acquérir une gamme d'actifs, allant des emprunts d'État aux titres privés. Ce que recherche également la Fed, mais sans qu'une partie de bras de fer avec le Trésor américain se profile.À Londres, c'est donc à l'ambition de la Banque d'Angleterre de disposer d'outils alternatifs à la seule fixation des taux d'intérêt que le chancelier Darling semble vouloir s'opposer. Gageons que la Vieille Dame de Threadneedle Street ne se laissera pas aisément dessaisir de ses prérogatives acquises de haute lutte. Isabelle Croizard Avec des taux zéro la banque ne pourra plus définir la politique monétaire, selon M. Darling.
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