Le marché interbancaire ne se dégèle qu'à pas de tortue

La montagne a encore une fois accouché d'une souris. Certes, les taux du marché interbancaire se sont détendus vendredi, mais ils n'ont répercuté que très partiellement la baisse coup-de-poing des taux directeurs de la Banque d'Angleterre et de la Banque centrale européenne. L'Euribor 3 mois, le taux de référence du marché monétaire de la zone euro, est descendu à 4,47 % contre 4,59 % jeudi, soit un recul de 12 points de base seulement comparé aux 50 consentis par la BCE sur le loyer de l'argent. Le taux interbancaire offert à Londres, le Libor 3 mois exprimé en dollars a reflué à 2,29 %, contre 2,38 % la veille, pour un taux directeur de la Fed de 1 %. Enfin, le Libor 3 mois exprimé en livres sterling est tombé à 4,49 %, contre 5,56 %, alors que le taux directeur de la Banque d'Angleterre a été amputé jeudi de 150 points de base, pour refluer à 3 % au plus bas depuis 1955. l'écart s'est creuséLes écarts entre les taux interbancaires à 3 mois et les taux directeurs s'échelonnent donc encore entre 122 points de base pour la zone euro et 149 pour la Grande-Bretagne contre une norme de quelque 15 points de base en vitesse de croisière.Les établissements financiers sont certes davantage enclins à se prêter de l'argent entre eux, comme en atteste le repli continu des taux interbancaires observé depuis trois semaines, mais l'écart avec les taux banques centrales s'est à nouveau creusé. BNP Paribas enfonce le clou : « La politique de baisse des taux peut aider à soutenir la détente des taux interbancaires, et notamment du Libor, mais pas nécessairement l'écart entre Libor et OIS, les contrats d'échanges de taux d'intérêts, indicateur de la liquidité des marchés monétaires. »Autre source de prises de tête pour les grands argentiers et particulièrement ceux de la BCE : les banques continuent de placer des dépôts record auprès de sa facilité à un jour, à hauteur de plus de 200 milliards d'euros quotidiens au lieu de les mettre dans le circuit bancaire, signe de la défiance qui continue à laminer le marché. Jeudi, ils ont même bondi à plus de 297 milliards. motif de réconfortMême si la BCE a abaissé son taux plancher (le taux de rémunération des dépôts) à 2,75 %, dans les mêmes proportions que son taux directeur, elle pourrait être contrainte d'accroître son écart avec le « refi », pour tenter de briser le cercle vicieux. Car, comme l'explique Jacques Cailloux, le chef économiste Europe de RBS : pour les banques, « la BCE semble être le seul lieu où vous pouvez déposer votre argent en sachant que vous ne le perdrez pas ». Il y a néanmoins un motif de réconfort pour les sages de Francfort : les rendements longs, qui assurent le financement de l'économie, ont répondu présent. Le taux du bund allemand à 10 ans, référence de la zone euro, s'est détendu jusqu'à 3,69 % vendredi, contre 3,90 % une semaine plus tôt. Il se négocie désormais en dessous de l'emprunt d'État américain de même échéance, qui s'est tendu à 3,77 %, malgré la nette dégradation de la situation de l'emploi américain.
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