Le marché du crédit en euros démarre l'année sur les chapeaux de roues

Début d'année en fanfare sur le marché du crédit en euros. Mercredi, les entreprises non financières ont levé quelque 7 milliards d'euros de dette. Jeudi, 4,25 milliards d'euros supplémentaires ont été émis. À lui seul, GDF-Suez a placé 4,25 milliards d'euros (1,75 milliard à 3 ans et 1,5 milliard à 7 ans mercredi puis 1 milliard à 12 ans hier). De quoi dissiper les doutes sur la profondeur du marché. « De nombreux investisseurs ont du cash à investir et souhaitent le placer sur le primaire », explique un banquier. Les entreprises de services aux collectivités (utilities) gardent les faveurs des investisseurs. « Depuis début novembre, les seules utilities ont émis 17,5 milliards d'euros d'obligations », constate le stratège de la Société Générale Suki Mann. Autre représentant du secteur présent avant-hier, E.ON a mené à bien une opération de 1,5 milliard d'euros à 7 ans, suivi de Vodafone jeudi pour le même montant et la même maturité. Parmi les signatures « industrielles », Volkswagen a émis un emprunt obligataire de 1,5 milliard à 5 ans, Daimler a lancé une opération de 2 milliards d'euros à 5 ans et Schneider Electric a placé 750 millions d'euros de dette à 4 ans et demi en un temps record, attirant les investisseurs avec une marge particulièrement attractive (435 points de base au-dessus des emprunts d'État). Les opérateurs du marché du crédit sont pourtant loin de céder à l'enthousiasme. « En ce qui concerne les entreprises, le marché primaire reste un club réservé aux signatures simple A et les émetteurs doivent offrir des spreads [l'écart de rémunération par rapport aux taux de référence] particulièrement attractifs pour placer leur dette », tempère Sébastien Barthelemi, responsable de la recherche crédit chez Louis Capital Markets.prime d'illiquiditéSigne des temps, les investisseurs sont de plus en plus nombreux à vouloir saisir les opportunités offertes par le marché du crédit. Les fonds spécialisés « crédit » se sont ainsi multipliés ces dernières semaines. Pour Éric Bourguignon, directeur général adjoint de CCR Gestion, qui présentait cette semaine un de ces nouveaux fonds, « les spreads de crédit sont excessivement larges car, sur le marché des obligations privées, une prime d'illiquidité vient s'ajouter au risque de crédit à proprement parler ». Cette prime d'illiquidité expliquerait le niveau actuel des marges de crédit. Aux niveaux actuels, elles anticipent qu'il y aura davantage de défauts d'entreprise dans les années qui viennent que dans les années 1930. D'autres marchés, non pollués par ces problèmes de liquidité témoignent de la baisse de l'aversion des opérateurs pour le risque. La volatilité des actions a déjà largement reflué. Le VIX (sur le S & P 500) est revenu autour de 40 %, après des pics au-delà de 80 % en octobre et en novembre. De même, sur le marché des dérivés de crédit, les spreads ont commencé à reculer. Monté au-dessus de 1.100 points de base en décembre, celui de l'iTraxx Crossover à 5 ans (il donne le coût moyen de l'assurance contre le risque de défaut d'un émetteur à la limite entre la catégorie d'investissement et la catégorie spéculative) est redescendu autour de 980 points de base. « Le marché obligataire est en retard sur celui des CDS et de la volatilité, et il a rarement offert de telles opportunités aux investisseurs », conclut Éric Bourguignon. Sophie rolland
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