La Banque d'Angleterre s'octroie une pause

Après six mois d'activisme forcené, qui avait fait sombrer la livre sterling, la Banque d'Angleterre a fait une pause hier, laissant son taux directeur inchangé à 0,5 %, au plus bas de ses 345 ans d'histoire. Il s'élevait encore à 5,25 % au début du cycle d'assouplissement amorcé dès février 2008. Les « sages » du conseil avaient préparé le terrain à ce statu quo en faisant savoir clairement qu'ils estimaient qu'une baisse des taux en dessous de 0,5 % risquait d'être préjudiciable.La Banque d'Angleterre a également décidé d'attendre de pouvoir juger dans la durée de l'impact des nouvelles mesures d'assouplissement monétaire quantitatif prises début mars. La vieille dame de Threadneedle Street s'était alors donné trois mois pour procéder à la première tranche d'un programme de rachat de 75 milliards de livres (soit 83 milliards d'euros) de bons du Trésor et d'obligations d'entreprises, le gouvernement l'ayant autorisée à créer de la monnaie à hauteur de 150 milliards de livres. Le conseil de la Banque d'Angleterre n'a pas ouvert les vannes hier à une utilisation de cette seconde tranche, se contentant d'annoncer que pour l'instant l'institut d'émission de Londres avait acheté 26 milliards de livres de titres obligataires. Néanmoins, l'économie britannique est à ce point délabrée que la vieille dame ne devrait pas se priver de recourir à cette nouvelle tranche le moment venu.On comprend d'autant mieux que la Banque d'Angleterre donne du temps au temps quand on regarde l'évolution du marché obligataire britannique. Son objectif affiché était d'infléchir les rendements longs en pratiquant une politique non conventionnelle pour alléger les conditions de financement de l'économie britannique qui s'effectuent en majeure partie à long terme. Début mars, l'annonce de sa décision de procéder à des achats d'emprunts d'État et d'entreprises avait provoqué un « rally » obligataire sans précédent, avec une détente des rendements à 10 ans ? qui évoluent à l'inverse des prix ? de plus de 60 points de base en deux séances. Le taux des « gilts » était tombé jusqu'à 2,96 %, refluant pour la première fois de l'histoire contemporaine en dessous des bunds allemands, la référence de la zone euro. Mais depuis lors, le mouvement s'est essoufflé. Hier, le taux des emprunts d'État britanniques à 10 ans se négociait juste en dessous de 3,350%, tandis que leur homologue allemand se traitait à 3,23 %.outils non orthodoxesNul doute en tout cas que la Banque centrale européenne observe à la loupe les développements du marché obligataire outre-Manche. En dépit du recours à une vaste panoplie d'outils non orthodoxes, les membres du conseil de la BCE pèsent le pour et le contre du passage à la vitesse supérieure, à l'anglo-saxonne. Mais une chose est sûre : la BCE ne prendra de mesures exceptionnelles que si elle est assurée de leur efficacité.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.