« Les entreprises ne chutent pas à cause des assureurs crédit »

Un quart des faillites sont liées à un « effet domino » après un défaut de paiement.Yves Poinsot, directeur général france d'atradiusLa ministre de l'Économie et le médiateur du crédit ont rencontré lundi les assureurs crédit pour dresser un premier bilan du nouveau complément d'assurance-crédit public CAP+. Trois semaines après la signature des accords aux termes desquels les assureurs s'engagent à diffuser cette aide et à mieux informer leurs assurés, 1.200 dossiers CAP+ représentant 22 millions d'encours d'euros ont été enregistrés.CAP + est-il promis au succès ?Oui, car CAP + concerne les annulations ou refus de garanties. Or, dans la période récente, les entreprises de notre portefeuille ont été confrontées à au moins une annulation de garantie à l'encontre de l'un de leurs acheteurs, dont la probabilité de se trouver en défaut de paiement a tellement augmenté que nous refusons de continuer à le couvrir. Un assuré dans cette situation peut désormais solliciter CAP+ pour obtenir une couverture pour son acheteur fragilisé.N'est-ce pas votre métier de couvrir le risque de défaut de paiement ?Oui, mais la fréquence des défauts de paiement a considérablement augmenté en France. Tous les assureurs crédit du marché ont un ratio sinistres à primes supérieur à 100 % depuis plusieurs mois. Cela signifie que les primes encaissées ne suffisent pas à payer les pertes.Comment s'explique cette particularité française ?Le niveau des défaillances d'entreprises est très élevé en France en raison du tissu économique de PME. Elles n'ont, en règle générale, pas assez de fonds propres ce qui les met en danger au moindre problème. De plus, la procédure de sauvegarde, qui vise à sauver une entreprise en reportant ou en annulant ses créances, place d'autres entreprises ? qui ne sont de ce fait pas payées ? en difficulté. Un quart des faillites françaises sont liées à cet « effet domino » après un défaut de paiement.La réduction des délais de paiement de la loi de modernisation de l'économie peut-elle limiter les défaillances ?La LME est une bonne loi mais n'arrive pas au bon moment. Si on appliquait strictement cette loi, les entreprises devraient trouver plusieurs milliards de trésorerie supplémentaires? ce qui explique qu'il y ait eu beaucoup de demandes de dérogations.Est-ce que l'assurance-crédit reste la solution ?L'assurance-crédit ne couvre que 20 % du crédit interentreprises. La vraie bonne mesure serait d'inciter les épargnants à investir dans les fonds propres des entreprises. Il y a 1.700 milliards d'euros d'encours en assurance-vie?Les assureurs crédit accélèrent-ils la chute de certaines entreprises ?Les entreprises chutent car elles ont des problèmes de trésorerie, pas à cause des assureurs crédit ! Il y a une exagération du rôle des assureurs crédit dans la situation dramatique que connaissent les entreprises frappées par la crise. En ce qui nous concerne, nous sommes plus sélectifs en particulier dans les secteurs fortement touchés par la crise. Cela ne veut pas dire que l'on refuse systématiquement d'assurer les entreprises de ces secteurs. Nous avons aussi annulé ou réduit certaines couvertures, c'est vrai. Mais pas dans les proportions que l'on nous reproche. D'ailleurs, nous acceptons de nouvelles demandes, si bien que nos engagements globaux sur les acheteurs français sont stables à 45 milliards d'euros.
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