L'obligataire refuse le gavage

chronique des marchésPied de nez de l'histoire : une décennie après avoir contraint, avec succès, Bill Clinton et son équipe à restreindre les dépenses publiques pour revenir à l'équilibre budgétaire, les acteurs du marché obligataire américain sont obligés d'avaler une énorme couleuvre. Celle du plan de relance économique et financier le plus onéreux de l'histoire des États-Unis, qui va démultiplier les besoins d'emprunts du secteur public et creuser le déficit budgétaire dans des proportions inédites. Résultat : les rendements à long terme qui étaient tombés à des planchers absolus à la mi-décembre, les taux à 10 ans refluant jusqu'à 2,04 %, se sont tendus depuis lors de 100 points de base. Lundi, pour la première fois depuis novembre, et au moment le moins opportun, le taux des T-notes à 10  ans est remonté au dessus de 3 %. Seul l'espoir d'une prise de position forte de la part d'une personne de l'acabit de Ben Bernanke concernant le projet de la Réserve fédérale américaine qu'il dirige d'acheter des bons du Trésor a fait tomber la pression hier, le jour même où ce dernier procédait au premier des trois volets de son opération trimestrielle de refinancement qui atteint le montant record de 67 milliards de dollars. Il n'empêche ! La réaction du marché obligataire constitue le premier signal d'un effet Obama inversé. L'excès de confiance envers le nouveau président de la première puissance économique mondiale susciterait des craintes sur le marché de la dette souveraine menacé d'indigestion. Si ce retournement récent est en partie dû à une moindre aversion au risque qui a temporairement détourné les investisseurs des emprunts d'État qu'ils vénéraient comme le placement le plus sûr et le plus liquide du monde, il faut aussi y voir un coup de semonce à la Fed. Privée de l'arme des taux à court terme, il va lui falloir user de toute sa sagacité pour empêcher une tension durable des taux longs sur lesquels elle n'a qu'un pouvoir d'influence psychologique. Tension qui alourdirait singulièrement le financement des plans de relance. C'est un nouveau paramètre de l'imbroglio financier. Isabelle CroizardL'excès de confiance envers le nouveau président de la première puissance économique mondiale susciterait des craintes sur le marché de la dette souveraine menacé d'indigestion.
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