L'industrie de la gestion d'actifs entre en convalescence

De mémoire de gérants en activité, l'année 2008 est à marquer d'une pierre noire dans les annales de l'industrie de la gestion d'actifs. Crise de liquidité sur l'ensemble des classes d'actifs, faillite de Lehman Brothers, banqueroute de l'Islande et, enfin, cerise sur le gâteau, l'affaire Madoff? Cette série noire a lourdement pesé sur l'industrie. À fin novembre, selon Europerformance, les actifs sous gestion des fonds commercialisés de droit français étaient de 773,74 milliards d'euros contre quelque 921,83 milliards d'euros en décembre 2007, soit une baisse de 16,1 %.La chute des actifs s'explique avant tout par un effet marché négatif, les grandes places abandonnant en moyenne plus ou moins 40 %. S'ajoutent des décollectes importantes sur toutes les classes d'actifs à l'exception du monétaire régulier (voir tableau ci-dessous). L'aversion au risque a profité à ce type de produits qui a vu ses encours augmenter. En revanche, les encours des fonds d'actions ont chuté de 43,5 %. Même constat pour le marché américain. Les actifs sous gestion des fonds d'actions ont été quasi divisés par deux, passant de 6.900 milliards de dollars à 3.700 milliards de dollars. Dans le même temps, les encours des fonds monétaires ont progressé de 3.700 milliards de dollars.suspension des rachatsLa gestion alternative n'a pas été épargnée par la crise et les affaires. L'année écoulée constitue un des exercices les plus noirs pour l'industrie des hedge funds. De nombreux fonds ont été liquidés, tandis que d'autres suspendaient la totalité ou une partie des rachats. Pour sauver l'industrie, en France, le gouvernement a publié une ordonnance le 23 octobre dernier autorisant les gates, les cantonnements d'actifs illiquides et la possibilité de modifier la périodicité des valeurs liquidatives. Dans l'optique de renforcer la compétitivité de la place de Paris, cette ordonnance permet aussi au dépositaire de limiter par contrat l'étendue de leur responsabilité avec les sociétés de gestion comme la garde des actifs. Sujet d'actualité puisque c'est ce qui est reproché à HSBC ITS Ireland et UBS Luxembourg dans l'affaire Madoff.Dans ce contexte peu favorable, certaines maisons françaises comme ADI et Richelieu Finance ont perdu leur indépendance capitalistique, passant respectivement sous le giron du Groupe Ofi et KBL. D'autres ont passé d'importantes provisions pour couvrir leurs expositions sur Lehman Brothers, l'Islande ou les produits toxiques. Et certaines devront certainement le faire à la suite de Madoff.rationaliser l'offrePlus généralement, la chute des actifs impactera les comptes de résultats, les commissions de gestion étant indexées sur les encours. Quand les actifs sur les produits à forte marge, comme les actions, l'alternatif, baissent ou sont divisés par deux, et que les produits à marge plus faible augmentent en volume, cela entraîne automatiquement des pertes de revenus. D'autant qu'il faut autant de monde pour gérer des fonds actions que des monétaires mais avec des rentrées d'argent inférieures. Par conséquent, une réduction des charges paraît inévitable. Sur le court terme, cette industrie applique les mêmes recettes que dans d'autres secteurs d'activité, à savoir des réductions de coûts, des plans de licenciements. Si les sociétés de gestion avaient déjà rationalisé les activités de support en les externalisant, les gérants et les commerciaux sont aujourd'hui aussi touchés. Le bilan n'est pas brillant, mais il devenait illogique d'avoir des taux de croissance à deux chiffres. Il faut revenir à une norme. Structurellement, l'industrie devra revoir son business model en rationalisant son offre, en se spécialisant ou en cédant des activités peu rentables. Une concentration du secteur n'est pas à exclure surtout si 2009 ressemble à 2008. Beaucoup de structures pourraient voir leurs réserves constituées ces dernières années fondre comme neige au soleil, ce qui les mettrait en danger.Cependant, le rayon de soleil est, une fois n'est pas coutume, venu des autorités européennes qui ont donné leur accord à la révision de la directive européenne UCITS 4. Avec comme avancée majeure, le passeport européen pour les sociétés de gestion. Mais l'affaire Madoff a mis en lumière les limites de cette industrie au niveau de la réglementation, de la due diligence des fonds.
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