2008 restera certes dans les annales de l'épargne comme celle de l'année de la renaissance du livret A, produit d'épargne distribué jusqu'au 31 décembre dernier exclusivement par les Caisses d'Épargne, la Banque Postale et, pour le livret Bleu, par le Crédit Mutuel. Car la crise financière conjuguée à l'environnement macroéconomique (inflation et taux d'intérêt) ont eu pour effet de redistribuer les cartes de l'épargne en France. Plus que jamais, les arguments de liquidité, de sécurité et de rémunération ont été déterminants pour des épargnants qui avaient jusque-là tendance à privilégier l'assurance-vie. Cette dernière apparaît comme l'une des victimes de 2008, avec une baisse de la collecte brute de 11 % sur les onze premiers mois de l'année.Ce sont les banquiers qui, fin 2007, ont incité leurs clients à privilégier des produits d'épargne liquide et à rémunération garantie (les dépôts à terme) au détriment de l'assurance-vie. Car cela les alimentait en liquidité, elles qui commençaient à en manquer.offres alléchantesC'est au printemps qu'une nette inflexion s'est amorcée. La perspective de la banalisation de la distribution du livret A début 2009 a dopé la dynamique commerciale des réseaux historiques. Banque Postale, Caisses d'Épargne et Crédit Mutuel ont incité leurs équipes à ouvrir de nouveaux livrets et à sécuriser le nombre de leurs détenteurs en bancarisant ceux qui ne l'étaient pas avec des offres commerciales alléchantes. Cet activisme a ensuite été porté par deux éléments exogènes : la hausse de la rémunération à 4 % le 1er août, soit le plus haut niveau depuis douze ans, et l'effondrement des marchés financiers et de banques dans le sillage de la faillite de Lehman le 15 septembre. Alors que les épargnants continuaient de se détourner des contrats en unités de compte dans l'assurance-vie (? 42 % pour la collecte sur les onze premiers mois de l'année), les ouvertures de livret A enregistraient une vigueur exceptionnelle : l'Écureuil et le réseau bancaire de La Poste ont, à eux seuls, ouvert plus de deux millions de livrets l'an dernier. Ainsi, entre octobre 2007 et octobre 2008, livrets A et Bleu ont collecté près de 21 milliards d'euros. Un rythme intenable cette année, car il est probable que la banalisation de la distribution ne compensera pas la nette baisse de la rémunération attendue pour le 1er février. Guénaëlle Le Solleu

latribune.fr

23 Jan 2009, 1:39

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