Les taux d'intérêt ramenés à des niveaux historiquement bas

Confrontées à la plus grave crise financière depuis 1929, les banques centrales n'ont pas lésiné sur les moyens. En plus d'injecter massivement des liquidités pour permettre aux institutions financières de se refinancer et, pour la Réserve fédérale américaine (Fed), de mettre en jeu leur bilan (elle achète directement les titres détenus par les agences hypothécaires ainsi que leur dette), les instituts monétaires ont massivement abaissé leurs taux d'intérêt. En 2008, l'objectif des Fed funds est passé de 4,25 % à une fourchette de 0 % à 0,25 %. Le « refi », principal taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE), a connu un sort un peu particulier puisque, avant d'être abaissé à 2,50 %, il a été remonté une dernière fois en juillet de 4 % à 4,25 %. Ce mouvement a été reconnu par l'ensemble des économistes comme une grave erreur de jugement de la part de la BCE. Prenant la mesure de la crise, la Banque d'Angleterre a ramené son principal taux directeur de 5,50 % à 2 % en décembre 2008, puis à 1,5 % le 8 janvier.aversion pour le risqueFace aux craintes de déflation, c'est sans conteste la Fed qui a été le plus loin en adoptant une politique d'assouplissement quantitatif, même si celle-ci ne veut toujours pas dire son nom. Et pour cause. La Fed ne veut pas que sa politique soit assimilée à celle, notoirement inefficace, de la Banque du Japon, il y a quelques années. À l'issue de la dernière réunion de politique monétaire, son porte-parole a d'ailleurs tenu à préciser que la Fed ne se contentait pas d'inonder le marché de liquidité mais qu'elle ciblait des actifs spécifiques qu'elle soutenait grâce à l'extension de son bilan. Il y a trois mois, le bilan de la Fed représentait 6 % du PIB. Il en atteint désormais 15 %.La conséquence immédiate de cet assouplissement spectaculaire des conditions monétaires a été la baisse des rendements des emprunts d'État des grands pays. Ceux-ci se sont littéralement effondrés. Le rendement des titres à très court terme (quelques semaines) du Trésor américain est tombé à 0 %. On a même vu les T-Bills traités en territoire négatif, ce qui signifie que les investisseurs étaient prêts à payer pour détenir des bons du Trésor à court terme ! Les taux à long terme ont suivi, profitant des craintes de déflation et de l'aversion extrême pour le risque. Les rendements à 10 ans sont ainsi tombés à des niveaux record : 2,04 % aux États-Unis le 18 décembre et 2,89 % en Allemagne le 30 décembre. À de tels niveaux, certains spécialistes du marché obligataire n'hésitent plus à parler de bulle. Son explosion dépendra de la rapidité de la reprise et de l'appétit des investisseurs face à l'afflux d'émissions souveraines en 2009. À croire que les emprunts d'État pourront de plus en plus difficilement être qualifiés d'actifs « sans risque ».
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