Vous déposez aujourd'hui plainte contre Orange auprès de l'Autorité de la concurrence. Pourquoi ?Cette plainte est déposée conjointement avec SFR [filiale de Vivendi comme Canal Plus, Ndlr]. Nous mettons en cause les pratiques d'Orange, qui, avec ses chaînes Sport et Cinéma Séries, a recours à la vente liée. [L'abonnement est conditionné à la souscription à un accès ADSL.] La vente liée de services télécoms et audiovisuels ne doit pas pouvoir être mise en ?uvre par un acteur en position dominante, qui bénéficie d'une rente de situation monopolistique sur le marché du téléphone fixe.En outre, Orange vend aussi à un prix prédateur, c'est-à-dire à perte, en proposant les matchs de Ligue 1 de football à 6 euros par mois. Il cherche à favoriser l'acquisition d'abonnés ADSL par des contenus sur lesquels son intervention génère une inflation des prix artificielle. Le coût des droits, notamment sportifs, fixé par Orange, n'est pas fonction du prix auquel ces droits pourront être revendus aux téléspectateurs. Ces pratiques n'apportent aucun gain au consommateur. Au contraire, elles le pénalisent et l'enferment. Elles fragilisent le groupe Canal Plus mais aussi les concurrents d'Orange [comme SFR] qui peuvent être évincés du marché de l'Internet haut débit.Vous avez hésité entre une plainte à Bruxelles ou à Paris. Pourquoi choisir l'Autorité de la concurrence ?La nouvelle Autorité va avoir des pouvoirs étendus par rapport à l'ancien Conseil de la concurrence. En outre, nous avons pris en compte le fait que le gouvernement français avait déjà saisi l'Autorité de la concurrence sur la même question. Du coup, c'est l'Autorité qui nous a semblé la mieux à même de définir les nouvelles règles de la concurrence dans le secteur de l'audiovisuel, qui a un besoin vital de transparence, d'équité et d'efficacité. Et la récente décision prise contre l'exclusivité d'Orange dans la commercialisation de l'iPhone d'Apple traite justement de l'exclusivité longue durée et de vente liée.De son côté, Orange a porté plainte contre les exclusivités de Canal Plus pour la distribution de certaines chaînes de télévision?Les deux dossiers n'ont rien à voir. Notre métier d'opérateur de télévision payante repose sur le principe de programmes en exclusivité. Mais nos offres sont accessibles sur tous les réseaux et chez tous les opérateurs. La plainte d'Orange pose une autre question : certaines chaînes, éditées par des groupes tiers, et dont les contenus ? cinémas, jeunesse? ? nécessitent une forte implication marketing de leur distributeur, ont fait le choix d'être en exclusivité sur CanalSat. Une distribution exclusive permet à ces chaînes de percevoir des redevances supérieures à la somme de ce qu'elles obtiendraient en étant distribuées chez tous les opérateurs de TV par ADSL? Ce sont souvent les éditeurs de ces chaînes eux-mêmes qui demandent l'exclusivité.Avec cette nouvelle plainte, la guerre Canal Plus-Orange monte d'un cran...Nous menons cette bataille pour des raisons de principe. D'ailleurs, nous ne demandons pas à ce stade de mesures conservatoires [qui obligeraient Orange à arrêter la commercialisation de ses chaînes]. Tout le monde a à gagner de la clarification des règles du jeu. C'est l'avenir du fragile secteur audiovisuel qui est en jeu. Mais nous ne voyons pas Orange comme un adversaire. C'est un partenaire commercial avec qui il est possible de travailler de façon bénéfique pour les deux groupes. L'accord que nous avons signé fin décembre étend la distribution de Canal Plus et CanalSat à l'offre satellite d'Orange. Il améliore les conditions de rémunération d'Orange, et donc leur incitation à proposer Canal Plus et CanalSat. Nous en sommes l'un et l'autre très satisfaits. nbertrand meheut, PDG de canal plu

latribune.fr

24 Févr 2009, 1:32

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