La SNCF propose des « trains blancs » aux futurs TGV d'Air France

Par Fabrice GliszczynskiProfiter du coup de frein d'Air France sur les investissements et lui proposer une alliance ferroviaire à moindre coût. C'est l'objectif de la SNCF, qui voit se profiler l'ouverture à la concurrence avec à partir du 13 décembre 2009 la libéralisation des lignes ferroviaires internationales au départ de France (avec possibilité de cabotage). Un préalable à l'ouverture du marché domestique dont la date reste toujours inconnue. Alors que la réflexion d'Air France de se lancer dans le transport ferroviaire en partenariat avec un opérateur ferroviaire tarde à se finaliser en raison de la dégradation de la conjoncture, la SNCF cherche ainsi à doubler Veolia, motivé pour participer à l'aventure de la compagnie aérienne.L'objectif d'Air France est clair : créer un joint-venture avec un partenaire pour desservir des lignes de « point à point » en priorité dans l'Hexagone ainsi qu'en Europe au départ des gares parisiennes intra-muros (« La Tribune » du 21 juillet 2008). Ceci sur des lignes d'une heure à une heure et demi en avion sur lesquelles Air France a perdu (ou perd) pied face au TGV : Avignon, Rennes, Grenoble, Strasbourg, Lyon, Nantes, demain Bordeaux, Londres, Bruxelles, Cologne? Une menace pour la SNCF, dont la direction a déjà proposé une alliance à Air France, sans fournir de détails. De sources concordantes, la SNCF propose à la compagnie aérienne des « trains blancs » : elle fournirait son matériel roulant, qui serait aux couleurs d'Air France, et son personnel. Une « location » facturée à la compagnie aérienne, qui n'aurait que la responsabilité de la commercialisation des billets. L'offre présente un avantage de poids en période de crise : elle réduit considérablement le ticket d'entrée estimé il y a quelques mois, selon nos informations, à 1 milliard d'euros pour acquérir le dernier-né d'Alstom (AGV). L'argument n'est pas neutre à l'heure où la compagnie se focalise sur la préservation de son cash pour passer la crise sans encombre. Pour autant, elle suscite beaucoup de réticences, voire le refus de certains, au sein d'Air France. « Travailler avec son principal concurrent, ce n'est pas sain », estime un connaisseur du dossier, qui redoute que la SNCF ne joue pas le jeu. Les nombreux conflits sociaux de la SNCF ne jouent pas non plus en sa faveur.Pour autant, chez Air France, le dossier avance très lentement. « Nous étudions toujours la faisabilité du dossier, son équation économique, le choix du meilleur partenaire? », explique-t-on chez Air France. Pour l'heure, c'est avec Veolia qu'Air France a eu surtout des contacts mais aucun avec Deutsche Bahn. Les équipes d'Air France chargées du dossier ont récemment présenté au comité exécutif plusieurs orientations. Certaines ont été écartées. D'autres doivent être approfondies. Si Air France devait appuyer sur le bouton, c'est pour débuter ses opérations à l'horizon 2011-2012. « Il est fortement improbable que nous ouvrions une ligne internationale en 2010 [cela n'a jamais été l'objectif, Ndlr], à l'exception d'une peut-être ». Parmi les quelques lignes étudiées, Paris-Londres et Paris-Strasbourg-Cologne. Elles permettraient à Air France de se faire les dents avant l'ouverture du marché domestique.
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