Aujourd'hui les déficits, demain les impôts

Des États-Unis au Japon en passant par l'Europe, les gouvernements n'ont eu aucun complexe à laisser filer leurs déficits à des niveaux inconnus depuis un quart de siècle pour contrer la crise la plus sévère depuis la Seconde Guerre mondiale. « Les pays développés n'avaient pas le choix, rappelle Anton Brender, chef économiste de Dexia Asset Management. S'ils n'avaient pas laissé jouer les stabilisateurs automatiques et mis en place des politiques de soutien, la conjoncture économique et les finances publiques seraient encore plus dégradées aujourd'hui. » En Europe, l'endettement public va grimper de 9,4 points de PIB pour la seule année 2009, estime le FMI dans son dernier rapport sur les perspectives économiques européennes. La plus forte progression depuis le début des années 1980 ! En France comme ailleurs, cet endettement à tout-va semble aller de soi. Mais certaines voix commencent à s'élever, pour crier casse-cou. « À un certain niveau d'endettement et de déficit, nous risquons d'avoir de gros problèmes de financement », soulignait lundi dans « La Tribune » Gilles Carrez, rapporteur général UMP du budget à l'Assemblée nationale. D'autant que, à partir de 2015, c'est-à-dire demain, le vieillissement des populations dans les pays développés va provoquer une envolée des dépenses de santé et de retraite.fragilitéLes mesures prises pour soutenir le système financier représentent au niveau européen 6,3 % du PIB en 2009, selon le FMI. L'effort est toutefois très hétérogène. Il est de 1,5 % de PIB en France mais atteint 20,2 % du PIB au Royaume-Uni. Le recours aux stabilisateurs économiques ? l'effondrement spontané des recettes n'est pas compensé par une hausse des impôts ? indiquait dans les pays avancés d'Europe une hausse des déficits budgétaires de 3,3 % cette année à laquelle il faut ajouter le coût des plans de relance (1 point de PIB en 2009 et 0,8 point en 2010).Le plus gros de la tempête étant passé, selon la BCE, la question de la réduction des déficits publics va très rapidement revenir sur la table. « Les plans de soutien à court terme doivent s'inscrire dans un cadre à moyen terme crédible et prévoir une correction lorsque la crise sera apaisée », souligne le FMI.La question est désormais de savoir quand la demande privée ? consommation et investissement ? pourra prendre le relais de la demande publique. Raison pour laquelle il est impératif de réparer les banques afin de relancer la distribution de crédit. Une fois la demande privée repartie, les États pourront commencer à réduire leurs déficits. Le recours aux hausses d'impôts paraît inévitable. Cela demandera du doigté, pour éviter de faire retomber la croissance.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.