Les héros de Marc Dugain sont fatigués. Par leur lâcheté, leur cynisme ou simplement leurs renoncements, les sept hommes que le romancier décrit dans « En bas, les nuages » ne sont pas les meilleurs représentants de l'espèce humaine. Certes, ce recueil de nouvelles risque de décevoir les fans du romancier qui ont fait un triomphe mérité aux deux précédents titres de Marc Dugain, « la Malédiction d'Edgar » et « Une exécution ordinaire ». De ces sept textes de qualité inégale, les deux nouvelles les plus longues se démarquent nettement. Le romancier y déploie son talent de mise en scène, aussi à l'aise dans la narration que dans les dialogues.du côté du vaudevilleDans « la Bonté des femmes », un éditeur parisien rassemble sa tribu dans la maison familiale de Dordogne pour échapper à une terrible épidémie qui ravage le pays. Le rocambolesque stratagème qu'il conçoit pour faire cohabiter sa femme avec sa maîtresse donne lieu à des dialogues réjouissants. Dans ce huis clos digne d'une bonne pièce de théâtre de boulevard, le romancier confronte son héros à ses contradictions et jubile de le voir se débattre dans ses mensonges.Autre morceau de bravoure, « Légende naïve de l'Ouest lointain ». Dans ce récit initiatique, Marc Dugain dynamite tous les poncifs qui entourent toujours l'image du self-made-man américain. Enfant du ruisseau, le jeune Kyle parvient ? par sa force de caractère et son intelligence ? à s'élever hors de son milieu d'origine. Sur un campus universitaire, il se lie d'amitié avec le fils d'un riche industriel qui s'enthousiasme pour son projet industriel destiné à combattre « le fléau de l'Amérique », l'obésité. La fortune semble sourire au jeune homme entreprenant en ce début de XXIe siècle avant d'être rattrapé par l'histoire, un certain 11 septembre 2001?Laurent Pericone« En bas, les nuages », de Marc Dugain. Flammarion, 320 pages. Prix : 20 euros.

latribune.fr

27 Jan 2009, 1:27

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