Vers un troisième plan de relance en Allemagne ? -

L'urgence de la situation économique outre-Rhin contraint le gouvernement à réfléchir à nouveau à la nature de son action. Le 22 avril, la chancelière Angela Merkel rassemblera 40 représentants des banques, entreprises, syndicats et instituts économiques pour un nouveau « sommet conjoncturel ». Officiellement, il s'agira « d'évaluer la situation économique actuelle ». Mais le dernier sommet de ce type, qui avait eu lieu le 14 décembre, avait préparé le deuxième plan de relance, annoncé début janvier. Doit-on alors s'attendre à un nouveau plan ? C'est en tout cas ce qu'a réclamé ce week-end le président du syndicat des services Ver.di, Frank Bsirske. « Nous avons besoin d'un troisième plan de relance avec des investissements publics dans l'éducation, l'environnement et les infrastructures », a-t-il martelé, réclamant un volume d'au moins 100 milliards d'euros, soit 20 milliards de plus que l'ensemble des deux plans précédents. La situation économique, il est vrai, ne cesse de se dégrader. Hier, on a appris que le chiffre d'affaires de l'industrie a reculé sur un an de 23,3 % en février. Une mauvaise nouvelle de plus, alors que le gouvernement pourrait, selon le Süddeutsche Zeitung, encore réviser à la fin du mois sa projection d'évolution du PIB pour 2009 à -4,5 % contre -2,25 % aujourd'hui et + 0,2 % en janvier dernier. « un cadeau empoisonné »Pour autant, à Berlin, le gouvernement exclut « formellement » tout nouveau plan conjoncturel. Le ministre des Finances Peer Steinbrück a jugé qu'il fallait d'abord laisser « agir les deux plans de relance et les stabilisateurs automatiques avant de pérorer sur un troisième plan ». D'autant que les deux programmes en vigueur ont bien du mal à se mettre en place (voir « La Tribune » du 11 avril). Le ministre social-démocrate a reçu le soutien du patronat. Le président de la fédération de l'industrie BDI, Werner Schnappauf, a prévenu qu'un nouveau plan serait « un cadeau empoisonné qui, sans régler de problèmes structurels, nuirait à la compétitivité du pays ». Reste que si le mot reste tabou, des mesures complémentaires au second plan pourraient être décidées d'ici aux élections fédérales du 27 septembre. L'augmentation, décidée la semaine dernière, de 3,5 milliards d'euros de l'enveloppe de la prime à la casse en est la preuve. Le problème brûlant du chômage pourrait notamment décider le gouvernement à agir, alors que la barre des 4 millions de demandeurs d'emploi devrait être franchie cette année. Le ministre de l'emploi Olaf Scholz envisage, selon la presse allemande, de rallonger la durée du chômage partiel indemnisée par l'agence pour l'emploi de 18 à 24 mois. Et le « Handelsblatt » d'hier croyait savoir que les partis de la coalition préparaient des mesures sociales d'envergure, revenant notamment sur certains points des réformes de Gerhard Schröder qui visaient à réduire le coût de l'indemnisation chômage. Des décisions pourraient être prises dès cet été. Et comme l'a noté une responsable du SPD, il importera peu qu'on parle alors, les concernant, d'un troisième plan de relance ou non. Romaric Godin, à Francfort
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