À Tel-Aviv, on dessalinise la mer

Chaque hiver, les Israéliens surveillent avec une anxiété croissante le lac de Tibériade. À la moindre ondée, les médias s'empressent de préciser de combien de centimètres le niveau de la plus importante réserve en eau douce du pays est montée.Malheureusement, ces derniers mois la pluie n'a pas été au rendez-vous. La pénurie est telle qu'Uri Shani, directeur de la Compagnie de l'eau, a annoncé qu'il faudra cesser tout pompage cet été. Un cri d'alarme relayé par une campagne dans les médias sur le thème « Israël s'assèche » montrant le visage d'une jeune femme se fendillant comme une terre aride sous l'effet de la sécheresse. Des rabbins ont même été mobilisés pour se livrer à des prières spéciales censées amener la pluie.Mais rien n'y a fait pour le moment. D'ores et déjà, des milliers de jardiniers redoutent d'être mis au chômage dans les prochains mois. Les agriculteurs, très gros consommateurs d'eau, qui avaient jusqu'à présent bénéficié de généreuses subventions, vont eux aussi devoir se mettre au régime sec. L'année 2009 s'annonce en effet comme la pire depuis que des statistiques ont été établies, il y a quatre-vingt-cinq ans. Le niveau des nappes phréatiques sous le territoire israélien et la Cisjordanie a également atteint un niveau d'alerte, ce qui va se traduire par un très sévère régime de pénurie pour les Palestiniens.Pour tenter de parer au plus pressé, le gouvernement mise sur le dessalement de l'eau de mer, une technique que les Israéliens maîtrisent au point d'exporter leur savoir-faire dans le monde. Trois de ces installations « provisoires » vont produire environ 90 millions de mètres cubes par an. Inconvénients de l'opération : l'eau ainsi purifiée coûte deux fois plus cher que celle produite dans les deux grandes unités de dessalement qui fonctionnent actuellement, et cette technique n'a rien de « vert » puisqu'elle consomme de grosses quantités d'énergie. « Il s'agit d'une solution provisoire pour faire la césure jusqu'à l'ouverture de trois nouvelles unités de dessalement permanentes d'ici à 2011 », explique un responsable de la Compagnie de l'eau.Parmi les autres options envisagées figure l'importation d'eau au prix fort en provenance de Turquie. Pour le moment toutefois, ce projet évoqué très souvent ces dernières années est au point mort.Pascal Lacorie, à Jérusalem
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