Le talon d'Achille de la Confédération

Le secteur bancaire suisse, ce sont d'abord deux banques, UBS et Credit Suisse. Leurs bilans représentent quatre fois le PIB helvétique. En tout, les engagements des banques suisses s'élèvent à six fois la richesse nationale du pays. Un chiffre très élevé qui rappelle la situation islandaise. Déjà en octobre, le centre d'économie politique européen de Londres évoquait les similitudes entre les deux pays?: petite taille, monnaie nationale, secteur bancaire internationalisé et surdimensionné. Les déboires d'UBS peuvent-ils conduire la Suisse dans une crise comparable?? Berne ne peut se permettre de laisser s'effondrer UBS. « UBS et Credit Suisse sont des banques globales, avec 80 % de leurs actifs hors de Suisse, mais au niveau helvétique, elles ont une importance systémique », souligne Cédric Tille, professeur d'économie à l'Institut des hautes études internationales et du développement de Genève, qui rappelle que les deux grandes banques pèsent pour un tiers des actifs domestiques de l'ensemble du secteur.Du coup, l'État doit aider une banque sur laquelle elle a peu de prise. En octobre, Berne avait accordé 6 milliards de francs à UBS, et créé une structure de défaisance pour recueillir jusqu'à 60 milliards de francs d'actifs toxiques d'UBS. En tout, le soutien s'élevait à 12 % du PIB. Mais si la situation d'UBS empire, ne se dirige-t-on pas vers un scénario à l'islandaise?? En réalité, la comparaison avec l'Islande semble très exagérée. Car la crise islandaise est d'abord une crise monétaire?: l'État et les banques ont manqué de devises pour rembourser leurs engagements internationaux et cela a poussé le pays à la faillite. Or, comme le souligne Ursina Kubli, économiste à la banque Sarasin à Zurich, la Suisse, qui est 27 fois plus peuplée que l'île nordique, n'est pas dépendante de l'étranger pour le financement de son économie. Au contraire, avec un excédent de sa balance des paiements de près de 11 %, elle est créditrice de l'extérieur. De plus, ajoute Ursina Kubli, si les dettes des banques suisses à l'étranger s'élèvent à 250 % du PIB, elles ont une contrepartie en devises à l'actif de leur bilan. « L'endettement net en devises des banques est donc nul, alors qu'en Islande, les banques ne disposaient pas de ces couvertures », conclut-elle. En janvier, Standard and Poor's reconnaissait qu'une « recapitalisation massive » du secteur bancaire pourrait mettre la pression sur la note suisse, mais les fondamentaux restent solides?: la dette nette du gouvernement serait inférieure à 20 % du PIB. « La situation n'en est pas au point où la solvabilité de la Confédération est menacée », juge Cédric Tille pour qui, par ailleurs, compte tenu de l'importance d'UBS aux États-Unis, il est peu probable que les autorités américaines restent les bras croisés en cas de problème d'envergure sur cette banque.Bref, la Suisse n'est pas l'Islande et si, sur les marchés, le CDS à 5 ans suisse, bon indicateur du risque pays, reste parmi les plus élevés des « triple A » européens, il demeure huit fois inférieur à celui de l'Islande?! Romaric Godin, à Francfort
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