La gestion de fortune, poumon fragilisé

Les pertes enregistrées par la banque d'investissement d'UBS en 2008 sélèvent à 34,39 milliards de francs suisses (22,77 milliards d'euros). Presque deux fois plus que les pertes totales du groupe pour le même exercice. Diversification hasardeuse, investissement dans les subprimes?: la « BFI » a fait plonger la banque suisse. C'est sur elle que se concentrent aujourd'hui les coupes claires dans les effectifs.UBS aurait certainement éprouvé les pires difficultés à survivre aux deux dernières années si elle n'avait pas disposé du deuxième poumon qu'est son activité de gestion de fortune. Celle-ci, toujours très rentable, a généré un bénéfice avant impôt de 4,52 milliards de francs suisses en 2008 et compte toujours 847 milliards d'actifs sous gestion. Mais tout n'est pas rose. Depuis l'été dernier, la branche « gestion de fortune » enregistre le départ de nombreux clients (101 milliards de francs suisses de retraits en 2008).En février dernier, l'ancien directeur général d'UBS, Marcel Rohner, avait jugé les premiers chiffres de l'année 2009 « encourageants » pour la gestion de fortune. La banque se targuait alors d'avoir enregistré en janvier une collecte nette (entrées de capitaux supérieures aux sorties). La nouvelle avait rassuré les marchés. Le titre avait bondi de 5,56 % ce jour-là, malgré des pertes abyssales.Visiblement, l'accalmie n'a été que de courte durée, puisqu'UBS a annoncé hier que 23 milliards de francs suisses avaient quitté ses caisses au premier trimestre. La branche de gestion de fortune continue donc de pâtir des casseroles que traîne sa maison mère (voir ci-dessus). Le scandale fiscal américain et la polémique sur le secret bancaire qui s'en est suivie l'a particulièrement affectée. « Les problèmes d'UBS aux États-Unis ont fait du tort à l'ensemble de la place suisse », ajoute l'Association suisse des banquiers (ASB). Pourtant, fin 2008, l'activité chez les autres banquiers privés de la place se maintenait. Tandis que de plus en plus de clients boudaient UBS, certains enregistraient même une collecte nette sur les neuf premiers mois de 2008. Chez les grandes banques comme Credit Suisse (+ 27,3 milliards d'euros), ou dans les banques privées familiales comme Pictet (+ 10 milliards) ou Mirabaud (+ 1,3 milliard).Reste que les conséquences des pressions politiques sur le secret bancaire suisse ne devraient se faire sentir qu'à partir du premier trimestre 2009. L'heure des comptes pourrait alors être douloureuse. Ivan Pictet, président de la fondation Genève Place Financière, déclarait en février qu'une levée du secret bancaire se traduirait par « une réduction de moitié [de la place de Genève] ».A. M.
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