Balladur pour une taxation des hauts salaires

En déclarant n'avoir pas été élu pour augmenter les impôts, Nicolas Sarkozy pensait avoir sifflé la fin de la récréation dans la majorité sur la question de la fiscalité. De même, l'incendie allumé sur la question des rémunérations des patrons semblait avoir été circonscrit. Eh bien? pas du tout. Une fois encore, l'offensive vient de la majorité. Plus symbolique encore, c'est Édouard Balladur, ancien mentor de Nicolas Sarkozy, qui nourrit la polémique. Dans une tribune publiée dans « Le Figaro », l'ancien Premier ministre fait deux propositions. Tout d'abord, il suggère de suspendre pendant deux ans non seulement l'attribution de stock-options nouvelles mais aussi « la levée des options actuellement détenues par tous les dirigeants des entreprises cotées au CAC 40 ou de leurs filiales ». un « problème moral»En pleine saison des assemblées générales, cette initiative ne devrait pas passer inaperçue. Seconde proposition : réfléchir à une taxation temporaire des hauts salaires pour cause de crise. Ce serait, selon Édouard Balladur, « une sorte de contribution exceptionnelle de solidarit頻. Il reconnaît que sa proposition ne va pas sans créer des difficultés, notamment sa conciliation avec le bouclier fiscal, mais pour lui le « problème moral et politique est posé. Il faut le traiter ». Malgré l'opposition déclarée du chef de l'État, Édouard Balladur inscrit donc ses pas dans ceux des élus comme l'UMP Pierre Méhaignerie, qui ont tenté en vain d'instaurer une taxe exceptionnelle de 5 % sur les hauts revenus. Ce thème de la fiscalité taraude d'autres ténors à droite. Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes, estime ainsi que la sortie de crise pourrait se traduire par « plus d'impôts » dans de nombreux pays de l'Union européenne, y compris en France. Les déficits ? plus de 104 milliards attendus en 2009 pour le seul État ? et l'explosion de la dette rendent inévitable une augmentation des prélèvements. Soucieux d'étouffer dans l'?uf ce débat, Éric Woerth a exclu toute hausse d'impôt. « Si vous augmentez la fiscalité, vous tuez la sortie de crise », a argumenté sur BFM le ministre du Budget, ajoutant que lorsque l'activité économique est plus forte, l'impôt sur les sociétés, ou la TVA rentrent mieux. « Ce n'est pas une augmentation des impôts, c'est une augmentation des recettes, cela n'a rien à voir », a-t-il fait valoir. Il n'est pas certain que cela suffise à couper court aux questionnements. Hausse de l'impôt sur le revenu, bouclier fiscal, ISF sont autant de sujets qui continueront à troubler la vie de la majorité au cours des mois à venir. Anne Eveno
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