En Inde, la guerre électorale des Gandhi est lancée

Le marathon électoral d'un mois qui débute aujourd'hui met aux prises? une Gandhi contre un Gandhi, le parti du Congrès et le BJP. Le premier, actuellement au pouvoir, est le parti historique de la famille Nehru-Gandhi. De sensibilité centre gauche, il est présidé par Sonia Gandhi. S'appuyant sur les cinq années écoulées marquées par une très forte croissance économique ? jusqu'à l'éclatement de la crise mondiale ?, il demande aux électeurs de reconduire une équipe qui a fait ses preuves. Le Congrès veut également profiter de ces élections pour préparer l'accession au pouvoir suprême, un jour ou l'autre, du prochain membre de la dynastie?: Rahul Gandhi, le fils de Sonia. Malheureusement pour lui, le Gandhi qui domine la campagne est plutôt Varun Gandhi, son cousin germain. Varun a rallié le BJP et s'est révélé le plus violent orateur de ce parti fortement communautariste. Au point qu'il a été emprisonné pour atteinte à la sûreté de l'État (en incitant à la haine entre communautés). De quoi sérieusement éclipser dans les médias Rahul, parfait jeune homme de bonne famille, charmeur et ouvert?Les stridences de Varun Gandhi mettent aussi en évidence les difficultés internes du BJP. D'un côté, ce parti de droite veut jouer la carte du développement et de l'efficacité économique. De l'autre, il ne peut se couper de ses racines?: un hindouisme militant qui rejette les autres communautés, et notamment les musulmans, qui représentent 13,5 % de la population.érosion Mais le trait saillant des élections 2009, c'est l'érosion des deux partis nationaux. Dans ce pays aux dimensions d'un continent, qui compte 28 États et une vingtaine de langues officielles, les partis régionaux et locaux sont de plus en plus importants.L'Inde est donc entrée dans l'ère des coalitions. Ni le Congrès ni le BJP ne peuvent rassembler à eux seuls une majorité de gouvernement au Parlement. Cette année, les deux coalitions, l'UPA du Congrès et la NDA du BJP, ont déjà volé en éclats avant le scrutin. Les différents alliés ont repris leur indépendance. Conséquence?: l'issue la plus probable des cinq tours de scrutin sera? un sixième tour à partir de la mi-mai, quand le petit monde politique tentera de constituer une coalition bénéficiant d'une majorité au Parlement. Certains partis de deuxième rang y voient leur chance?: le troisième front, rassemblé autour de la gauche dure, se voit en leader potentiel d'un gouvernement. Et Mayawati, la « reine des dalits » (les intouchables), se pose déjà en Premier ministre de l'Inde, dans l'hypothèse où son parti occuperait un rôle pivot dans le prochain Parlement. La perspective d'un résultat indécis, menant à des coalitions instables, est prise très au sérieux. « Si l'on se retrouve avec des gouvernements à l'horizon très court et que les décisions difficiles ne sont pas prises, cela aura un coût pour le pays », redoute Balveer Arora, professeur de sciences politiques à l'université JNU.
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