« Les Pasdarans protègent leurs acquis »

olivier roy, chercheur au cnrsLe pouvoir politique semble avoir triché grossièrement pour remporter les élections?C'est une question de survie pour le régime. Une percée de la démocratie en Iran signifiait la remise en cause des acquis pour toute une génération qui a prospéré dans le sillon de la révolution islamique. Les Pasdarans, les gardiens de la révolution, se sont emparés de pans entiers de l'économie, notamment au travers des fondations. Ces fondations, qui fonctionnent un peu comme des holdings mais ne sont ni des sociétés privées ni des administrations publiques, contrôlent des entreprises, des hôtels. Elles ont un accès privilégié aux devises aux quotas d'importations. Les gardiens de la révolution ont préféré une dictature ouverte à la gestion populiste d'un système parlementaire. Jusqu'ici, les décisions étaient prises au sein du sérail. Mais en excluant de ce débat les trois principaux candidats de l'opposition, dont il faut rappeler qu'ils sont tous des piliers de la révolution islamique, le régime bouleverse les règles du jeu.Les manifestations peuvent-elles changer le cours des événements ?Il faudrait une conjonction de tous les mécontentements pour que d'autres catégories de la population rejoignent dans la rue ceux qui manifestent aujourd'hui, qui sont essentiellement des jeunes urbains éduqués. Or les trois candidats opposés à Mahmoud Ahmadinejad sont divisés. Il n'y pas de leadership dans l'opposition, contrairement à ce qui s'est produit en Ukraine ou en Géorgie. Certes, le fait que Mir Hossein, l'un des piliers de la révolution islamique, appelle à manifester est une vraie nouveauté.Qu'est-ce que le coup de force d'Ahmadinejad change dans les négociations de la communauté internationale avec l'Iran ?Point positif, le camp occidental n'a pas soutenu l'opposition iranienne pendant la campagne, ce qui lui permet, aujourd'hui, de dénoncer le scrutin sans hypothéquer les négociations futures. L'Iran poursuivra son programme nucléaire. Sa réélection ouvre en tout cas une fenêtre pour Israël qui pourrait être tenté par des frappes contre les installations nucléaires iraniennes.Et pour le Moyen-Orient ?En surface, c'est évidemment l'inquiétude qui domine. En même temps, c'est une sorte de soulagement. La plus grande angoisse des conservateurs dans le monde arabe est un renversement d'alliance stratégique des États-Unis en faveur de l'Iran. Propos recueillis par X. H. Ils se sont emparés de pans entiers de l'économie, notamment au travers des fondations. »
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