Les people embaumés d'Andy Warhol

L'ennui ! Pas un ennui profond, non. Un ennui chic et mondain, comme un cocktail qui n'en finit pas, des badineries dont le vide donne le vertige. C'est ce que l'on ressent dans cette exposition sur les portraits d'Andy Warhol au Grand Palais. Cent trente pièces d'hommes et de femmes célèbres ou inconnus même s'ils sont milliardaires. Des premiers autoportraits du peintre jusqu'aux madones qui apportent un peu de joie en fin de parcours. Et de fantaisie, heureusement, parce que d'un bout à l'autre de l'exposition, on a l'impression de voir toujours le même tableau. Normal, direz-vous, puisque Andy Warhol emploie le même procédé sérigraphique. Pas vraiment, en fait. Prise individuellement, chaque ?uvre a une force incontestable. Mises les unes à côté des autres, elles s'anéantissent. Deviennent banales, impersonnelles.obsédé par la mort Andy Warhol, par impertinence, disait qu'il n'était pas un artiste. On ne le croit pas. La preuve, à la manière d'un Marcel Duchamp, il a fait de tout ce qu'il touchait une ?uvre d'art. Il a révolutionné la nature morte, le portrait, les scènes de genre. À travers un thème, presque unique : la mort. Au-delà des apparences de la séduction, Warhol est obsédé par la mort. Cette exposition en fournit la preuve même si on le savait déjà. C'est comme un immense cimetière où reposent pour l'éternité artistique des hommes et des femmes. À la manière des embaumeurs des « funeral home », Andy Warhol maquille ses portraits, leur donne les couleurs de la vie. Plus flamboyantes même que la vie, jusqu'à les rendre irréelles. Il le disait lui-même : « la mort vous donne l'air d'une star ». Avec lui tout le monde, du riche banquier à l'Indien, tout le monde est une star pendant au moins quinze minutes.Pour exécuter ses portraits, il procédait toujours de la même manière. Il partait d'une photographie (Photomaton, Polaroïd, « screen test »), la sérigraphiait au format carré et la peignait. C'est ainsi que naissaient ce que l'on pourrait appeler des masques mortuaires. Le portait de Marilyn Monroe fut l'un des premiers. Il lui apporta gloire et richesse. anecdote et artificeReste que cette exposition n'est en rien révélatrice de l'art du peintre. Elle n'en est même, par son thème même, que l'anecdote, l'entraînant vers l'artificiel, pour ne pas dire le superficiel. Andy Warhol prévoyait que « le vide était en train de s'emparer de la planète ». Avait-il raison ? n Galeries nationales du Grand Palais, avenue Eisenhower, Paris 8e. Tous les jours sauf mardi de 10 heures à 22 heures, jeudi jusqu'à 20 heures. Jusqu'au 13 juillet. Tél. : 01.44.13.17.17.
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