La crise a vidé

Le symbole est fort. Pour la première fois de son histoire, La Caisse des dépôts publie une perte au titre de l'exercice 2008. La crise produit ses effets, même sur les plus vénérables maisons. Néanmoins, l'institution presque bicentenaire entend affirmer, par la voix de son directeur général, Augustin de Romanet, sa « solidité fondamentale » et la poursuite de ses engagements.Pourtant, l'inflexion dans le discours est nette. Car, après avoir été très largement mise à contribution depuis l'automne (investissement dans Dexia, mise à disposition des fonds d'épargne pour distribuer des crédits aux entreprises et aux collectivités locales, apports d'actifs dans le cadre du Fonds stratégique d'investissement), la Caisse doit aujourd'hui faire attention dans ses choix. Augustin de Romanet a été très clair hier : « L'effort produit par la CDC est maximum. Notamment sur les fonds d'épargne [l'ensemble des livrets d'épargne réglementée, Ndlr] pour lesquels, si l'on allait au-delà, on les mettrait en péril. Quant aux investissements de la section générale [participations et filiales, Ndlr], la Caisse est très exposée en actions. Il va falloir être prudent dans la gestion ultérieure de l'établissement ».Car les deux grands piliers de la Caisse, les fonds d'épargne d'un côté (gérés de façon totalement indépendante) et la section générale de l'autre, ont été affectés par la crise. Ainsi, sur cette dernière, la CDC a- t-elle enregistré une perte de 1,468 milliard d'euros. Ce qui se traduira, pour l'État, par une absence de dividende. Si l'on exclut les effets de la crise, le résultat opérationnel de la Caisse, avec 1,5 milliard d'euros, « est le deuxième meilleur de son histoire » affirme le dirigeant de la caisse. Mais la crise financière à elle seule a pesé à hauteur de 3 milliards d'euros en provisions et dépréciations : un tiers de dépréciations sur les porte feuilles actions et deux tiers pour le portefeuille consolidé (dont Dexia et Eiffage). Malgré ces chiffres douloureux, la commission de surveillance de la Caisse s'est félicitée hier de ce que « la rigueur de sa gestion a écarté la CDC de pertes réelles liées à des actifs toxiques ou à des défauts de contreparties ».Bien plus inquiétante en revanche paraît être la situation des fonds d'épargne. Car les 221 milliards d'euros d'épargne des Français que gère la Caisse, notamment pour financer le logement social, des équipements et des infrastructures, ont été, eux aussi, touchés par la crise. Alors qu'en 2007, la gestion des fonds d'épargne avait généré un résultat net de 1,26 milliard d'euros, l'an dernier ils n'ont rapporté que 100 millions. Et encore cela n'a-t-il été possible que parce qu'il a fallu puiser dans les réserves (FRBG, fonds pour risques bancaires généraux) à hauteur de 1,7 milliard d'euros. En effet, sur les 220 milliards d'actifs des fonds d'épargne, la moitié sont utilisés sous forme de prêts, l'autre faisant l'objet de placements financiers. Or, la crise a directement touché ces derniers, entraînant des dépréciations à hauteur de 1,9 milliard d'euros.Ainsi, le matelas de réserve des fonds d'épargne s'amenuise dangereusement : après avoir puisé 500 millions dans le FRBG en 2007, puis plus du triple l'an dernier, ce réservoir ne dispose plus que de 700 millions d'euros de provisions. Pour autant, André-Laurent Michelson, directeur des fonds d'épargne, est confiant. D'abord parce que la détente sur les taux d'intérêt et le redressement des marchés actions ne pourront qu'être favorables aux placements financiers. Mais surtout, explique-t-il, « plusieurs mesures récentes vont mécaniquement améliorer la marge d'intérêt des fonds d'épargne, à hauteur de 400 à 500 millions d'euros », auxquelles il faut ajouter la baisse progressive des commissions sur encours pour les distributeurs de livret A. Dès cette année, la marge d'intérêt des fonds d'épargne devrait être accrue de 1 milliard d'euros, selon André-Laurent Michelson.Si la prudence est aujourd'hui de mise à la Caisse des dépôts, il n'est pas question pour son directeur général de se défaire d'un véritable « enthousiasme ». Les priorités stratégiques définies dans le programme Élan 2020 restent intactes. Mais mieux vaudrait que 2009 apporte un peu d'oxygène aux marchés financiers. nle matelas de réserve des fonds d'épargne s'amenuise dangereusement.
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